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1 527 clients de prostituées interpellés en France, depuis l'entrée en vigueur de la loi

Par Mathieu D'Hondt

C'est une info Sud Radio. 1 527 clients de prostituées ont été interpellés en France depuis l'entrée en vigueur de la loi, en avril 2016.

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Devenue en avril 2016 le cinquième pays européens à pénaliser les clients des prostituées, la France dresse aujourd'hui un bilan mitigé, quasiment deux ans après que la mesure a été adoptée. Ainsi, selon nos informations, 1527 personnes ont été interpellées pour une prestation tarifée dans l'hexagone depuis l'entrée en vigueur de la loi. les contrevenants n'écopant le plus souvent que d'amendes comprises entre 150 et 500 euros. C'est bien trop peu ! Surtout lorsque l'on replace ce chiffre à l'échelle du territoire, où le nombre de prostituées est estimé à 40 000.

Pas la priorité des policiers

Qui sont ces clients qui ont été verbalisés ? Personne ne sera surpris d'apprendre que ces derniers s'avèrent être "Monsieur tout le monde". Ils sont en effet cuisiniers, chauffeurs poids-lourds, maçons, paysagistes, ouvriers, techniciens, commerciales ou encore retraités, de tous âges et issu de de tous les milieux sociaux. Si certains des clients sont célibataires, beaucoup sont par ailleurs des pères de familles. C'est d'ailleurs ce que nous a confirmé Maya, travailleuse du sexe depuis 8 ans. Exerçant dans la capitale, elle assure que si certains de ses clients sont bel et bien interpellés, son "commerce" - pour reprendre ses mots - continue néanmoins de bien marcher. Preuve que le faible nombre d'arrestations ne dissuade pas les clients. Selon les syndicats policiers que nous avons pu joindre, la pénalisation de ces clients n'est, de toute façon, pas une priorité.

Autre constat et pas des moindres, cette loi a également des conséquences sanitaires inattendues pour certaines prostituées, comme nous l'explique Véronique Noseda (Coordinatrice du Planning Familial). "Du fait que les clients ont peur de recevoir une amende, ils sont beaucoup plus exigeants : cela signifie qu'ils exigent des rapports non-protégés par le préservatif et cela peut évidemment transmettre des IST", déplore-t-elle ainsi. Des infections sexuellement transmissibles auxquelles s'ajoute une recrudescence des avortements, constatés par le STRASS (syndicat du travail sexuel). L'un de ses portes-parole, Jimmy Paradis, observe en outre, depuis la mise en application de la loi, une augmentation des "délocalisations" des prostituées qui se rendent en maisons closes à l'étranger, faute de clients. "Tous les jours, on essaie de décourager les filles à travailler, on les délocalise. Dans mon cas, à Perpignan (Pyrénées-Orientales), nous sommes à 15 kilomètres du plus grand bordel espagnol. Je vous laisse donc imaginer la hausse du nombre de personnes qui sont parties travailler là-bas et qui jusque là n'avaient pas de réseaux mafieux et pas de proxénètes", constate-t-il avec dépit. Véronique Noseda ne dit pas autre chose et dénonce cet "effet pervers de la loi" qui engendre tout un processus, dans lequel des "personnes, agissant comme indépendantes, doivent chercher un protecteur pour pouvoir se protéger de la police".

Propos recueillis par Adeline Tavet et Juliette de Noyelle

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