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Où en est la laïcité ?

Natacha Polony évoque aujourd'hui les grands enjeux autour de la laïcité.

La question de la laïcité est en train de fracturer la société française. On l'a bien vu avec l'épisode à la fois tragique et pitoyable de la petite guerre entre Manuel Valls et Edwy Plenel, à l'occasion d'une Une de Charlie Hebdo. Le journal satirique se retrouvant instrumentaliser par l'un et par l'autre.

Cette question de la laïcité est cruciale, les Français l'ont compris notamment au moment des attentats. Nous savons dans notre chair à quel point c'est important. Sauf que nous sommes confrontés à une société qui petit à petit a refusé d'affronter ce problème pendant des années, et qui est ensuite extrêmement poreuse à des influences venues des pays anglo-saxons, où la conception des rapports entre les institutions et les citoyens ne sont pas les mêmes. Or, la laïcité à la française est très particulière et c'est elle qui permet à la République de tenir son édifice. Pourquoi ? Parce que la laïcité, telle que nous la concevons et telle que nous l'avons héritée d'une histoire tragique (guerres de religions absolument monstrueuses), dessine un espace commun neutre dans lequel les citoyens ne mettent pas en avant leurs différences mais au contraire ce qui les unis et les rassemble. Dans un monde qui met en avant en permanence l'individualisme, l'idée que chacun doit être ce qu'il est, doit s'affirmer, montrer son unicité et sa différence, comment voulez-vous que cela tienne ? D'autant plus que ça n'est plus compris même par les journalistes et les politiques qui brouillent les pistes et réduisent la laïcité à la Loi de 1905, laquelle est une loi de séparation des Églises et de l'État, dans laquelle vous ne trouvez pas le mot "Laïcité". Vous trouvez cette dernière évoquée dans les lois sur l'École, c'est un concept philosophique et politique, ce n'est pas un concept juridique donc ça ne se résume pas à la neutralité de l'État.

Tous ces débats, nous devrions les avoir de façon posée. Pourquoi nous n'y arrivons pas ? Parce qu'immédiatement certains viennent nous expliquer que cela viendrait stigmatiser des parties de la population, qu'il y a des laïcards qui sont islamophobes et qu'en face vous avez aussi des politiques qui instrumentalisent sans vergogne cette laïcité en estimant qu'elle ne vaut que pour les uns (Les musulmans) et qu'en revanche, les crèches dans les mairies, ça on peut y aller.

Vous voyez donc que la société française est malade. Il faut la possibilité de débattre posément de tout cela et sans arrières pensées. La question qui va se poser à nous maintenant, c'est de savoir si nous pouvons sortir de ces arrières pensées, rassembler et faire comprendre à tous que la laïcité est leur chance.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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