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L'hystérie du débat sur l'asile et l'immigration est incompréhensible

Alors que deux textes sont en gestation concernant l'asile et l'immigration, chaque camp hurle son opposition aux mesures proposées. Il n'y a plus aucune sérénité dans le débat.

Est-ce qu’on peut encore débattre sérieusement de l’asile et de l’immigration ?

C’est devenu très difficile. Il faut dire que la France, comme toute l’Europe, comme tout l’Occident, traverse une profonde crise identitaire, une sorte de sentiment d’insécurité culturelle qui ébranle les esprits et les opinions. Aucun gouvernement ne peut l’ignorer sans prendre le risque d’une déferlante populiste, voire extrémiste.

Le gouvernement, pour des raisons qui tiennent à cette crise, aussi sans doute pour des raisons politiques, a mis deux textes au cœur du débat. Il y a la circulaire Collomb, dont on parle depuis plusieurs jours, sur la vérification des droits des migrants, et le projet de loi en gestation sur l’asile et l’immigration.

On n’a jamais de chiffres parfaits dans ce domaine. Il y a d’abord les demandeurs d’asile, ceux qui viennent en France parce qu’ils sont en danger dans leur pays et demandent l’asile à la France, ce qui est un droit traditionnel. Il y en a eu 85 844 en 2016. Par comparaison, en 2010, il n’y en avait que 52 000 et 32 151 ont été admis.

Le solde migratoire, calculé par l’INSEE, là aussi avec toutes les incertitudes dues au fait qu’il y a beaucoup de clandestins, c’est 67 000 par an.

Après, il y a la différence entre les étrangers et les immigrés. 11,6 % des habitants sont nés à l’étranger, c’est à dire 7,6 millions d’habitants français. Là-dessus, 5,9 millions sont nés de nationalité étrangère et sont donc des immigrés. Ça fait 8,9 % de la population. Mais une partie de ceux qui sont nés à l’étranger ont acquis la nationalité française.

C’est donc très compliqué de s’y retrouver et ces chiffres sont à corriger de tout ce qu’on ne connaît pas.

Deux projets. Le projet de loi sur l’immigration et l’asile, d’abord, que certains au gouvernement, paraît-il, appellent plan de dissuasion migratoire, comporte quelques mesures de durcissement. La durée du titre de première admission va passer de un an à quatre ans. On va, en revanche, donner le bénéfice de la réunification familiale pour les mineurs aux ascendants mais aussi aux frères et aux sœurs.

Autre mesure de durcissement, le délai de recours à la commission nationale du droit d’asile va passer de un mois à 15 jours. L’effet de la décision sera probablement à la lecture et non plus à la notification. On va pouvoir vérifier les droits de séjour avec une retenue qui va passer de 16h à 24h. On aura la possibilité de supprimer le délai de départ volontaire ou d’imposer l’assignation à résidence pendant ce délai.

Quelques mesures d’assouplissement, qui ne sont pas négligeables, et des mesures de durcissement, qui font hurler les uns et les autres. Il n’y a plus de sérénité dans ce débat. Le texte, en réalité, ne va pas changer grand-chose. Je pense même que les mesures d’assouplissement ont un potentiel plus grand que les mesures de durcissement, mais qui sont raisonnables même si elles sont technocratiques et administratives.

La circulaire Collomb est encore pire. Elle dit qu’on va vérifier dans les centres d’accueil, les centres d’hébergement d’urgence, les droits de chacun. C’est quand même la moindre des choses ! Il n’y a pas à se scandaliser parce qu’on va vérifier les droits. On va envoyer des fonctionnaires de préfecture, qui vont vérifier et qui ensuite appliqueront la loi. Les hurlements sur le sujet sont incompréhensibles et disproportionnés. Il ne s’agit que d’appliquer le droit.

Dernier sujet, faire passer de 45 à 90 jours la durée de rétention administrative pour ceux qui doivent rentrer dans leur pays. Les associations hurlent que ça ne change rien. Mais si ça ne change rien,il n’y a pas de raison de hurler. En réalité, ça change pour quelques-uns et ce sont des cas qui ne sont pas négligeables. Il faut comparer ce qui est comparable. 180 jours en Allemagne et aucune limite en Grande-Bretagne.

Pour la plupart, les expulsions se font après 15 jours, sous le contrôle du juge des libertés. Il n’y a pas de quoi s’émouvoir à ce point. L’hystérie du débat est radicalement incompréhensible.

Le gouvernement a raison d’aller sur ce terrain. Il faut juste raison garder tout en conservant la dignité nécessaire d’accueil et les droits de ceux qui sont poursuivis dans leur pays.

Il faut rassurer des populations qui sont aujourd’hui extrêmement angoissées.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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