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L'évolution du libéralisme à travers les époques

Henri Guaino revient aujourd'hui sur les différentes mutations subies par le libéralisme à travers les siècles.

Qu devient le libéralisme ? Ce grand mot de la fin du XXème siècle et du début du XXIème, que l'on appelle maintenant "néo-libéralisme" comme pour signifier que, dans el fond, il est assez différent de ce qu'il a pu être dans l'histoire.

Ce qu'il a de nouveau, c'est qu'à l'image du mot "démocratie" et de tant d'autres, il a subi une forme de dévoiement. Au début, le libéralisme était une philosophie politique qui mettait en avant la société civile, la responsabilité individuelle, la liberté individuelle dans des sociétés où primait le collectif. C'est une philosophie du XVIIIème siècle, il faut s'en souvenir. Elle a beaucoup dérivé par la suite. Il faut dire qu'il s'est passé beaucoup de chose. Il y a eu une parenthèse due à la misère du prolétariat, aux guerres qui ont impliqué davantage les États, au retour par moment du protectionnisme (fin XIXème siècle) puis, avec la Seconde Guerre mondiale, à l'apparition des régimes de protection sociale.

Ensuite, une nouvelle forme de libéralisme est apparue à la fin des années 80. Ses caractéristiques étaient de pousser très loin la dépolitisation de la société et de l'économie, notamment en Europe, mais aussi de dénationaliser, c'est-à-dire de faire sortir du contexte national la vie sociale et économique et d'abaisser les protections dont on disait qu'elles décourageaient les gens de travailler et d'entreprendre. C'est ce qu'il s'est passé en Grande-Bretagne et aux États-Unis. C'est vrai qu'aujourd'hui, on ne reconnaîtrait plus le libéralisme d'Adam Smith ou des grands auteurs du XIXème siècle. Il prend désormais le visage de la concurrence comme solution à tous les problèmes, de la mondialisation comme avenir inéluctable de l'humanité avec un modèle unique dans lequel la politique et les cultures seraient totalement exclues.

Les choses sont néanmoins en train de changer. Depuis quelques années dans le monde, contrairement à ce que l'on raconte souvent en France et en Europe, il y a une forme de revirement, de prise de conscience que les thérapies, infligées dans les pays qui accédaient à l'économie de marché, ont été ravageuses et ont provoqué des effets anti-sociaux, anti-démocratiques mais aussi anti-économiques, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas permis à certains de ces pays de sortir leur population de la misère, ni d'améliorer la croissance. D'ailleurs, la croissance aujourd'hui reste très faible, elle n'a plus rien à voir avec celle des années des "trente glorieuses". Les organisations internationales, comme la Banque mondiale, le FMI ou l'OCDE, ont commencé à jeter un regard critique sur leurs propres expériences des années 70/80 et ont opéré une évolution sauf que cette dernière n'a pas atteint complètement le discours politique. 

Finalement, la politique ne change aujourd'hui, dans ce domaine du libéralisme, que sous la pression violente des peuples qui ont l'impression de ne pas être entendus dans leurs souffrances et leurs aspirations. C'est ce qu'il s'est passé aux États-Unis, où une partie du pays a préféré choisir Donald Trump au politiquement correct de Mme Clinton. 

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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