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"Le Président a fait une faute de commandement avec De Villiers"

Par Lorraine Redaud

Ancien chef d’état-major des armées de 2006 à 2010 et Grand Chancelier de la Légion d’honneur de 2010 à 2016, Jean-Louis Georgelin était l’invité de Michaël Darmon pour discuter fonction présidentielle, fête nationale et démission de Pierre de Villiers.

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Il a été le chef d’état-major des armées sous Nicolas Sarkozy. Il assurait le commandement des opérations militaires et était le responsable de l’emploi des forces armées. Toujours sous la houlette du Président de la République, il était en relation permanente avec ce dernier. Ce binôme que l’on connaît moins est bien évidemment essentiel. Cette relation, le général Jean-Louis Georgelin en témoigne ainsi : "Être le chef des armées, c’est ce qui installe véritablement le Président dans sa fonction. C’est indiscutable. Quand le Grand Chancelier lui dit "Nous vous reconnaissons grand maître de la légion d’honneur" et que le Président devient réellement Président, on ressent une vraie émotion. C’est quelque chose de sacré dans la fonction". Et d’ajouter, que pour lui, le Président prend conscience de l’importance de sa responsabilité quand le chef d’état-major vient lui présenter la planification nucléaire : "Soudainement, on sent une certaine gravité dans le physique. Car pendant que nous parlons là, il y a un sous-marin nucléaire qui contient 16 missiles, ces missiles ils ont des cibles et la seule personne qui peut décider de les tirer c’est le Président. Il y a une distance entre le fait d’en avoir une vision intellectuelle et que maintenant on vous dit "c’est vous qui décidez"".

Et en ce jour de fête nationale, le Président qui voit son armée défiler devant lui, prend conscience une nouvelle fois de sa fonction : "En 1981, lorsque Jack Lang a installé cette superbe tribune à la Concorde pour voir défiler les gens dans l’axe Arc de Triomphe Concorde, on voit François Mitterrand installé sur un énorme fauteuil rouge et on sent qu’il pense "Regardez, je ne suis plus tout à fait comme vous – le reste du gouvernement -, tout ce que vous voyez là, c’est à moi. C’est moi qui les commande". C’est un rituel immuable où on voit que le Président est installé physiquement, concrètement, devant son gouvernement, devant son pays en tant que chef des armées. Je les ressentais très fort ces moments-là" explique le général.

L’année dernière à la même période, le défilé du 14 juillet avait pourtant été un peu entaché par la démission du chef d’état-major de l’époque Pierre de Villiers. Souvenez-vous, suite à un désaccord sur le budget entre le Président Macron et le général de Villiers, le Président avait sèchement rappelé à l’ordre ce dernier avec cette fameuse phrase "Je suis votre chef". Le général Pierre de Villiers démissionnera de son poste le 19 juillet, acte inédit sous la Ve République. Et pour le général Jean-Louis Georgelin, l’ancien chef d’état-major n’avait d’autre choix que de remettre sa démission : "Je pense que le Président a fait ce que nous appelons dans l’armée "une faute de commandement", par les propos et les circonstances dans lesquels il a réprimandé Pierre de Villiers. Je crois que du coup, il n’avait pas d’autre choix que de faire ce qu’il a fait".

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