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Le creusement des inégalités, mauvais signe pour la croissance mondiale

Le creusement des inégalités dans le monde marque une sorte de retour au XIXe siècle.

 

Les inégalités n’avaient pas atteint une telle ampleur depuis les années 1850, 1860, c’est-à-dire au moment de la Révolution industrielle, où a commencé l’exode rural vers le prolétariat des grandes villes, où naissent les grandes fabriques, sans qu’il y ait encore ni de droit social, ni de redistribution.

On se souvient de ce qu’a été la misère ouvrière du XIXe siècle. Et, par ailleurs, de grandes fortunes, à l’époque, se sont édifiées sur le chemin de fer et toutes les grandes innovations de cette période.

Le rapport qui vient d’être publié est un rapport que publie annuellement l’école d’économie de Paris, dans laquelle on compte Thomas Piketty, qui se situe dans la suite de son livre qui avait fait tant de bruit sur le capital.

Il faut quand même rappeler quelques ordres de grandeur, parce qu’ils sont extrêmement parlants.

Les 10 % des plus hauts revenus représentent en Europe 37 % du total des revenus. En Chine 41 %. En Russie 46 %.

Pire que ça, la part des 0,1 % des plus hauts revenus représente aux USA 10 % de l’ensemble des revenus, contre 2,5 % en France, 2 % en Suède.

Comme le faisait remarquer un jour Thomas Piketty, quand vous avez 2 % des revenus pour les 0,1 %, ça veut dire que ces 0,1 % ont en moyenne un revenu 20 fois plus élevé que la moyenne. Donc 10 % aux USA, c’est 100 fois plus élevé que la moyenne.

Pire encore, la part de la croissance qui est captée par les 1 % des revenus les plus élevés, à l’échelle mondiale, depuis 1980, est de 27 %. Ça donne aussi une idée des effets de la mondialisation, qui a sans doute sorti beaucoup de gens de la pauvreté mais a aussi creusé les inégalités.

L’OCDE avait fait une étude il y a quelques années sur les inégalités et avait relevé que de 1975 à 2007, aux USA, les 1 % des revenus les plus élevés avaient capté 47 % de l’augmentation de tous les revenus. Au Royaume-Uni, ce chiffre était de 20 %, en France, il était de 10 %.

Et si, aux USA, on s’intéresse aux 10 % des revenus les plus élevés, ils captaient 80 % de l’augmentation des revenus.

Le résultat, évidemment, c’est la concentration du capital. Jusqu’où va-t-on aller ?

On peut penser, comme certains, que les plus riches vont entraîner tous les autres. Cet effet existe, il y a une incitation à la réussite, mais il y a aussi des effets négatifs qui sont importants. L’OCDE avait souligné que trop d’inégalités ralentissaient la croissance de deux manières : en créant des tensions dans l’économie qui mettent en cause la cohésion sociale qui ne rendraient plus supportables la légitimité de la distribution des revenus et parce que la concentration des revenus et des richesses entraîne des taux d’épargne extrêmement élevés.

Aujourd’hui, le monde vit dans une surabondance d’épargne et une insuffisance d’investissement. C’est la théorie de la stagnation séculaire, qui est assez pessimiste sur l’avenir de la croissance mondiale.

Écoutez la chronique d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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