single.php

Lagarde : "Wauquiez pense siphonner Marine Le Pen, en réalité il fait le lit de Marion"

Par Jeanjean

Député (UDI, Agir et Indépendants) de Seine-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde était l’invité politique du Grand Matin Sud Radio ce mardi. L'occasion pour lui de parler Front national, Laurent Wauquiez, Mayotte et réforme de la SNCF.

Thumbnail

"Pour la première fois depuis 30 ans, je suis d’accord avec Jean-Marie Le Pen ! Je l’ai entendu dire que c’est un changement ridicule et inutile". Au moment d’évoquer le changement de nom du Front national, qui devrait désormais s’appeler Rassemblement national, Jean-Christophe Lagarde assure ne pas être dupe de la manœuvre. "C’est le Front national, c’est la famille Le Pen, ce sont les mêmes gens d’extrême-droite ! On a vu ça à l’occasion du Congrès, y compris avec la pantalonnade de son assistant parlementaire... (...) Je ne vois pas ce qui est changé. En réalité, le truc c’est : "Sois facho et cache-toi"", assure-t-il avant de pousser plus loin son analyse. "Le changement de nom a en réalité une vocation : trouver des alliés. Ces alliés, ce sont les amis de M. Wauquiez. On a vu le ballon d’essai Thierry Mariani, et je n’ai pas entendu de dénégation très ferme de la part de M. Wauquiez. J’ai même été choqué de l’entendre dire hier sur les propos racistes du responsable du Front national jeune qu’il ne voyait pas ce qu’ils apportaient. C’est une condamnation bien molle...", glisse-t-il.

"Dès qu’il monte sur un plateau, Wauquiez vend du bullshit, de la foutaise"

De manière plus globale, le président de l’UDI se montre plutôt cinglant à l’égard de Laurent Wauquiez et de son attitude envers les électeurs du Front national. "J’écoutais hier ses propos et j’ai repensé à son espèce de cours à Lyon. Dès qu’il monte sur un plateau de radio ou de télé, il vend ce qu’il appelle du bullshit, de la foutaise. Ils disent ne pas vouloir d’alliance avec le Front national, mais quand j’entends Mme Morano expliquer que le problème des prisons françaises, c’est de savoir quelles sont les origines des gens qui sont en prison… Je n’ai pas l’impression que Marine Le Pen soit déjà allée jusque là. (…) Tous les électeurs sont respectables, et on doit leur parler à tous. On n’est pas obligé de leur dire n’importe quoi ou de flatter leurs phobies pour essayer de les récupérer. On peut aussi leur tenir un discours raisonnable et qu’il ne suffit pas de s’exciter quand il y a des problèmes dans la société française", déclare-t-il avant de lui lancer un avertissement. "Ce n’est pas en servant le même discours aux électeurs du FN que M. Wauquiez peut dire qu’il ne veut pas d’alliance avec ce parti. Au final, quand on tient le même discours que quelqu’un, on ne siphonne pas ses voix. Bien souvent même, on se fait siphonner ses voix. C’est déjà arrivé, et ma conviction c’est qu’il pense siphonner les voix de Marine Le Pen, mais il fait en réalité le lit de Marion Le Pen. C’est elle qui l’absorbera", prévient-il.

"C’est par la coopération avec les Comores qu’on réglera le problème de Mayotte"

Alors que la situation à Mayotte est aujourd’hui toujours aussi tendue, le député de Seine-Saint-Denis déplore l’inaction de la République et le rendez-vous manqué il y a quelques années. "C’est une question d’inconséquence des gouvernements qui se sont succédé depuis dix ans. À une époque, François Baroin alors ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac avait dit ce qu’il fallait faire à Mayotte. Ça n’a pas été fait, et on se retrouve aujourd’hui face à cette catastrophe. La première chose à faire, c’est de passer un accord avec les Comores pour avoir une maternité sur l’île d’Anjouan et pas sur l’île de Mamoudzou. Ça nous coûtait moins cher de la construire là-bas et ça réglait le problème des naissances et de la nationalité. La deuxième chose à faire, c’est de recréer un système d’éducation nationale à l’intérieur des Comores. Là encore, ce n’était pas très cher à faire. C’est par la coopération avec les Comores qu’on réglera le problème. Bien sûr qu’il faut surveiller nos frontières et rétablir l’ordre, mais aujourd’hui plus de la moitié de la population de Mayotte est là clandestinement, dont une partie pour laquelle on n’est pas capable d’établir l’état civil", indique-t-il.

"La CGT et d’autres syndicats dénaturent totalement le débat sur la SNCF"

Celui qui est aussi co-président du groupe UDI, Agir et Indépendants à l’Assemblée nationale s’est par ailleurs exprimé sur le rythme des réformes actuelles, que certains estiment trop soutenu pour être réellement efficace. "C’est le problème du quinquennat. La réalité, c’est que vous avez deux ans pour réformer, et ça fait déjà presque un an qu’il est au pouvoir. Après, vous rentrez dans la deuxième partie. Moi je suis pour un septennat non renouvelable, parce que je pense que le président de la République devrait avoir du temps devant lui. Et dans un an, un an et demi, tout le monde va commencer à parler de réélection ! Son temps est contraint, c’est un problème institutionnel", regrette-t-il.

Enfin, Jean-Christophe Lagarde a eu un mot envers certains syndicats de cheminots, avec qui il n’est clairement pas d’accord. "On est en train d’assister à la montée en ligne de la CGT et de quelques autres syndicats en dénaturant totalement le débat : privatisation, fin de l’entreprise, etc. En France, les usagers payent 30% de plus qu’ailleurs le prix de leur voyage, par leur billet ou par leurs impôts. Est-ce que ça n’a pas à avoir avec l’organisation de l’entreprise, ses rigidités, le statut des cheminots ? Bien sûr que si. Ce débat devrait être posé sereinement sur la table, sans qu’on nous joue le sempiternel cinéma de la privatisation, d’autant plus que le gouvernement est assez modeste dans cette affaire…", pointe-t-il.

L'info en continu
21H
20H
18H
17H
16H
15H
14H
Revenir
au direct

À Suivre
/