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La décomposition des partis politiques

Au milieu du naufrage, les partis politiques semblent penser que tout va recommencer comme avant. Mais les partis politiques de demain ne pourront pas ressembler à ceux d'hier. Ce temps-là est révolu.

Comme si de rien n’était, Les Républicains préparent l’élection de leur président, tandis que le PS prépare son congrès refondateur avec son cortège habituel de motions et de synthèses.

Les partis, au milieu du naufrage, croient que tout va recommencer comme avant.

Le système par lequel les partis confisquent à leurs profits la démocratie représentative, par des moyens qui vont des manœuvres d’appareils, aux investitures en passant par la quasi-monopolisation des ressources militantes et médiatiques pour faire campagne, profitent de l’exercice du pouvoir pour se créer des fidélités et des réseaux d’influence par la distribution des places et des services rendus.

La démocratie ne peut se passer des partis politiques qui structurent la compétition électorale, incarnent des traditions et sensibilités politiques, élaborent des programmes, sélectionnent des candidats et nouent des alliances susceptibles de permettre la constitution des alliances de majorité et de gouvernement. Il y a des pays où les structures partisanes ne changent pas ou très peu, comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Mais la stabilité des appareils est le paravent de mutations idéologiques très profondes. Dans d’autres pays, comme la France et l’Italie, les appareils politiques se font et se défont en fonction des mutations idéologiques.

En France, si l’on s’en tient à l’après-guerre jusqu’à nos jours, on a vu décliner ou disparaître le MRP, le parti radical de Clémenceau, la SFIO, le Parti communiste, le RPF du général De Gaulle, le RPR de Jacques Chirac, comme aujourd’hui on voit sombrer le PS de Mitterrand ou le parti Les Républicains.

La France vit, comme l’Italie des années 1990, l’une de ces périodes de décomposition politique, qui se produisent lorsque le système des partis ayant été jusqu’au bout de sa logique de verrouillage, suicidaire se révèle elle est incapable de répondre aux grands défis de notre pays.

Avec le système des primaires, les cartels électoraux qu’étaient l’UMP et le PS, à bout de souffle intellectuel, privé de chef charismatique capable d’en dissimuler leurs faiblesses, sont allés à l’extrême limite de leur volonté de confisquer les élections. Mais le noyau dur des sympathisants et militants n’est pas représentatif du peuple français. Le candidat désigné par la primaire, prisonnier du vote de la primaire, a bien du mal à aller à la rencontre du peuple français pour être non l’homme d’un camp, mais celui de la nation. Résultat, le PS explose et les Républicains implosent.

La décomposition est en route et atteint meême le FN, secoué, malgré sa présence au 2nd tour, par des tensions internes causées par sa diversité idéologique.

LREM, qui paraît incarner la recomposition, n’est pas vraiment un parti. Je suis prêt à parier que ça ne le deviendra pas parce qu’il est constitué de bric et de broc, regroupement improvisé de circonstances, qui n’est ancré dans aucune sensibilité politique identifiable et aucune histoire, et qui n’a comme trait d’union que la personne du président de la République qui n’est quand même pas le général De Gaulle.

Les Parlementaires d’En Marche sont soit des figurants, soit des trublions, mais il y a peu de chances qu’ils forment un parti politique ancré dans la durée.

Reste le parti des Insoumis qui a l’air de rafler la mise à gauche et qui apparaît plus soudé. Mais on sent bien qu’il doit, pour l’instant, presque tout au talent et au dynamisme de son chef, qui est omniprésent.

Entre la division du Front, la multiplication des chapelles de la droite, Juppé, Estrosi, Pécresse, Bertrand, Wauquiez, les Constructifs, les Radicaux, l’inconsistance d’En Marche, la fragilité de FI, on voit que la décomposition du système des partis s’accélère mais qu’on peine à amorcer la recomposition.

Ce qui est sûr, c’est que les partis politiques de demain ne pourront pas ressembler à ceux d’hier qui se préoccupaient exclusivement de la conquête du pouvoir, sans vraiment se poser la question de son exercice dans le monde tel qu’il est.

Ce temps là est révolu.

Écoutez la chronique de Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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