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François Bayrou ne voulait pas "exposer le gouvernement à une campagne mensongère"

Par Jérémy Jeantet

Le président du MoDem a expliqué son départ du Gouvernement par la volonté de se défendre dans l'affaire des emplois fictifs qui touche le MoDem, mais aussi pour "ne pas exposer le gouvernement et le président à des campagnes mensongères".

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Quelques heures après avoir annoncé son départ du Gouvernement, François Bayrou est revenu sur les raisons qui l'ont poussé à prendre cette décision à l'occasion d'une conférence de presse, ce mercredi après-midi. "Je choisis la liberté de jugement et la liberté de parole, de préserver la loi de moralisation, de ne pas exposer le gouvernement et le président à des campagnes mensongères", a expliqué l'ancien ministre de la Justice. Le président du MoDem a affirmé avoir pris cette décision il y a déjà plusieurs jours. "Je suis allé voir le président pour lui proposer cette décision il y a 15 jours, peut-être trois semaines, le jour même de l’ouverture de l’enquête préliminaire", a-t-il déclaré soulignant qu'il voyait "très bien quelle utilisation pourrait être faite".

"Nous n'avons jamais eu d'emplois fictifs, cela sera aisé à prouver"

François Bayrou en a profité pour dénoncer les accusations dont le MoDem a fait l'objet ces dernières semaines : "Une campagne s’est développée, par des dénonciations anonymes, accusant le MoDem d’avoir mis en place un système d’emplois fictifs. Nous n’avons jamais eu d’emplois fictifs. Cela sera aisé à prouver. J’ai, pour le prouver, une absolue confiance dans la justice. Je n’ai aucun doute, bien que mon nom n’ai jamais été cité dans cette enquête, que j’étais, de ces dénonciations, la véritable cible, dans le but de décrédibiliser la parole du ministre qui devait porter cette loi (de moralisation de la vie politique, NDLR). Un certain nombre de forces et de puissances pour qui la moralisation de la vie publique serait un obstacle à leur influence." Le désormais ex-Garde des Sceaux n'a cependant pas voulu donné plus de précisions sur ces éléments de défense, affirmant les tenir à disposition des enquêteurs. 

Pour lui, ces éléments fragilisaient trop sa parole et le reste de l'exécutif pour pouvoir continuer : "Cette situation exposait le président et le gouvernement. Le débat qui se prépare au Parlement allait être détourné de son sens. C’est une loi à laquelle je tiens beaucoup. J’accorde plus de prix au but à atteindre qu’à mon rôle personnel, aux titres, aux privilèges et aux galons."

"Nous ne pouvons pas vivre dans une société de perpétuelle et universelle dénonciation"

Celui qui va donc redevenir maire de Pau s'est ensuite lancé dans une diatribe à l'encontre de ce système d'accusation qui, selon lui, laisse trop peu de place à la défense. "Nous ne pouvons pas vivre dans une société de perpétuelle et universelle dénonciation, a assuré François Bayrou. La France a été, à d’autres époques, le pays des lettres anonymes. Celui où on en a le plus écrit de toute l’Europe. La dénonciation du voisin qui vous aime et qu’on jalouse est entrée dans une nouvelle époque, une nouvelle phase. La justice, lorsqu’elle découvre ces éléments, est obligée de se saisir et l’ouverture d’une enquête est présentée comme une pré-condamnation. L’acte le plus anodin et le plus normal apparaît suspect. Il n’est pas une vie humaine qui résiste à telle inquisition. À cette déferlante, la démocratie ne résistera pas. C’est une grande question pour notre société."

Néanmoins si François Bayrou se met en retrait du gouvernement, il a assuré vouloir continuer à jouer un rôle auprès d'Emmanuel Macron. "J’ai l’intention de l’aider mais je crois que je l’aiderais mieux avec la liberté de parole", a assuré le président du MoDem qui compte également peser dans la majorité présidentielle constituée de "deux piliers".  Le chef de l'État "a besoin d’une majorité large. C’est une majorité à deux piliers et ce n’est pas par hasard, a déclaré François Bayrou. Chacun doit apporter sa pierre à l’action. Nous proposerons des idées, nous en défendrons d’autres notamment l'introduction de la proportionnelle"

 

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