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Fabien Roussel: "on peut critiquer la politique d'Israël sans être antisémite"

Il est important que la lutte contre l'antisémitisme suscite une large mobilisation, considère le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel.  Pour autant selon lui le Rassemblement national n'a pas sa place dans la manifestation de ce mardi. Invité du "petit déjeuner politique", Fabien Roussel, critique l'idée, avancée par des députés de la majorité, de pénaliser l'antisionisme au même titre que l'antisémitisme. Il dit ne pas exclure de faire liste commune avec d'autres forces de gauche pour les européennes, Génération.s par exemple...à condition que le communiste Ian Brossat soit tête de liste !

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"Chaque fois que la question sociale monte, l'extrême-droite impose la question identitaire"

Fabien Roussel tient à répondre présent à la manifestation  contre l'antisémitisme, qui réunira une vingtaine de partis politiques ce mardi soir. Il dénonce l'irruption des crispations identitaires, dans un mouvement des gilets jaunes qu'il considère comme social avant toute chose:

"Je participe aux gilets jaunes chez moi. Et je n'y ai jamais trouvé de propos antisémites ou "contre l'immigration massive", comme le dit l'extrême-droite. Je ne trouve pas juste qu'on assimile cette grande révolte sociale à de l'antisémitisme. Dans l'Histoire de France, à chaque fois que les question sociale montent fortement (salaire, pauvreté, vivre-mieux), immanquablement l'extrême-droite arrive pour faire monter la question identitaire, nationale etc...  Quand on met des croix gammées sur le visage de Simone Veil ou le mot "juden" sur une devanture.  Il y a déjà eu des rassemblements de forces d'extrème-droite, qui ont décidé de faire émerger la violence dans les cortèges de gilets jaunes, de faire émerger ces questions identitaires portées sur les Juifs, les Musulmans... Ils veulent faire glisser des questions de classe sous des questions nationales, et c'est pas juste car ce n'est pas ce qui se passe en France."

Le secrétaire général du PCF, selon qui le Rassemblement national n'a pas sa place dans les défilés contre l'antisémitisme ce mardi soir.

Pas d'antisémitisme de gauche

Le patron des communistes, qui dit ne pas voir d'antisémitisme venu de la gauche en France:

"Dans son Histoire, la gauche a été au front et dans tous les combats pour défendre l'être humain d'où qu'il vienne. On a été dans la résistance, on a combattu le nazisme, on a payé cher pour ça. Quand les ligues factieuses ont voulu prendre l'assemblée nationale, le Parti communiste, la CGT, les partis de gauche étaient là pour l'empêcher. Les partis de gauche ont payé de leur sang la lutte contre l'antisémitisme."

Antisionisme ne veut pas dire antisémitisme

Fabien Roussel se montre critique à l'égard du projet envisagé par des députés de la majorité: pénaliser l'antisionisme, au même titre que l'antisémitisme.

"On doit pouvoir dire que la politique menée par le gouvernement israélien est condamnable, sans pour autant être taxé d'antisémite ! Le sionisme, c'est une opinion, théorisée par Monsieur Herzl à la des années 1800-début 1900, qui considère que les Jufis sont inassimilables dans les pays où ils habitent, et qu'ils doivent tous se retrouver dans un seul Etat. Aujourd'hui tout le monde reconnait que les Israéliens peuvent vivre dans un Etat (de la même manière que les Palestiniens y ont droit aussi); Mais la manière dont ça se fait, avec les colonies et cette forme d'Apartheid, n'est pas acceptable ! Et donc on doit pouvoir condamner cette politique de colonies ! Tout comme l'Apartheid, en Afrique du Sud, que nous étions les seuls à dénoncer à l'époque: nous étions minoritaires, et même taxés de terrorisme. Aujourd'hui, pas un ne défendrait l'Apartheid, et tout le monde pleure Mandela !"

"Taxer les multinationales à la source"

C'est possible pour les contribuables lambada, alors pourquoi pas pour les multinationales qui cotisent moins que les autres? se demande Fabien Roussel.

"J'ai déposé un texte de loi pour prélever à la source les bénéfices de multinationales, comme on l'a fait pour les contribuables Français. Comment se fait-il que ça ne soit pas possible pour ces multinationales, qui payent 8 à 9% d'impôts quand nos PME en payent entre 28 et  31%? "Les GAFA, mais pas que... LVMH, Total. Toutes ces multinationales qui planquent leur argent au Bermudes, au Luxembourg, en Irlande, aux Pays-Bas. S'ils n'osent pas s'attaquer à ces paradis fiscaux, qu'ils taxent les bénéfices avant qu'ils ne s'échappent de ces paradis fiscaux !"

"Une prime pour ne pas augmenter les salaires"

Alors que les trois quarts des chefs d'entreprise envisagent verser la prime exceptionnelle proposée par le président Macron, Fabien Roussel y voit une arnaque pour les salariés.

"Je comprends que les patrons se jettent sur cette prime, car c'est une belle occasion pour eux de ne pas augmenter les salaires.  Dans la même période où ils versent cette prime, il y a les négociations annuelles obligatoires, et je peux vous dire que les salariés ont du mal à se faire entendre ! A Bayer, ils sont en grève et occupent les usines, ils essayent d'obtenir 10% de salaires en plus. La prime, c'est facile, c'est exonéré de charge, les salariés ne cotisent pas dessus, et c'est 'one-shot', ça n'arrive qu'une seule fois. Quand on touche 1200 euros net par mois, comment bien vivre? Alors on est peut-être bien content d'avoir une prime, mais combien de temps ça dure? Je suis pour une augmentation des salaires, d'au moins 200 euros, et que le CICE soit versé aux PME qui n'ont pas les moyens d'absorber cette hausse de salaires, plutôt que de verser des aides aux entreprises qui n'en ont pas besoin comme Google ! La prime, c'est un moyen de ne pas augmenter les salaires." 

Rassembler la gauche aux Européennes? Oui mais derrière Ian Brossat !

Discuter avec Benoît Hamon, pourquoi pas... Mais le patron du PCF n'envisage pas de renoncer à son candidat, le conseiller municipal de Paris Ian Brossat.

"Nous ferons tout pour trouver un rassemblement le plus large. Nous voulons être la force politique qui va changer ces traités européens. Il faut respecter la souveraineté de la France: les décisions se prennent à l'Assemblée nationale, pas à Bruxelles. Nous sommes ouverts à Benoît Hamon, et proposons que Ian Brossat soit tête de liste."

 

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