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Eric Alt, membre d’Anticor : "La transparence est une vertu démocratique"

Par Benjamin Rieth

Initialement prévue mardi, l’annonce du gouvernement a été repoussée à mercredi, le temps de vérifier la situation des potentiels ministres. Une exigence de transparence nouvelle, saluée par Eric Alt, vice-président d’Anticor, invité du Grand Matin Sud Radio. 

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Sud Radio : Était-ce nécessaire de repousser l’annonce du gouvernement pour contrôler et vérifier la transparence des futurs ministres ? 

Éric Alt : C’était déjà une exigence de la loi. L’originalité c’est qu’on applique la loi avant que le gouvernement soit composé. On peut apprendre un certain nombre de choses pendant 24 heures. On peut éviter les affaires Thévenoud, mais pas les affaires Cahuzac. De toute façon, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et l’administration fiscale vont poursuivre leurs investigations.

Que regarde la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ?

Elle va vérifier les obligations déclaratives, que tous les ministres aient bien déclaré à l’administration fiscale leurs impôts. Elle va vérifier leur patrimoine, et les déclarations d’intérêts pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêts entre le futur ministre et des activités dans des entreprises ou des associations. 

"Nous avons confiance dans la Haute Autorité"

Vous n’avez aucun doute sur la fiabilité des enquêtes ? Peut-on faire confiance à toutes les administrations sollicitées, comme par exemple le Fisc ?

L’architecture suppose une collaboration loyale de l’administration fiscale avec la Haute Autorité. Pour l’instant, c’est une architecture qui fonctionne bien. 

La HATVP compte 50 fonctionnaires pour contrôler les ministres, mais en tout 15 000 personnes doivent être contrôlés dont les parlementaires et les hauts fonctionnaire. Est-ce suffisant ?

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique redemande des moyens supplémentaires, ne serait-ce parce qu’elle aura aussi bientôt le contrôle des lobbyistes, comme le prévoit la loi Sapin II. Mais en tout cas, la HATVP a bien plus de moyens et bien plus d’indépendance que la commission à laquelle elle succède. 

Anticor avait saisi la HATVP au sujet du patrimoine d’Emmanuel Macron. Finalement, la Haute autorité a déclaré conforme la déclaration de patrimoine du candidat. Le système a bien fonctionné ? Votre doute est levé ? 

Nous avions un doute sur la sincérité de la déclaration de patrimoine d’Emmanuel Macron. Nous avons saisi la Haute Autorité, comme nous en avons la possibilité de le faire, et le doute est levé. Nous avons confiance dans la Haute Autorité.

"Un ministre exemplaire, c'est celui qui sert l'État"

En revanche, quand Édouard Philippe, le Premier ministre, déclare son patrimoine à la HATVP, il dit qu’il n’est pas capable de l’évaluer.

On a compris qu’il n’était pas un fétichiste de la transparence mais peut-être a-t-il changé depuis qu’il essaye de biaiser avec les obligations de la loi. 

Qu’est-ce qu’un ministre exemplaire, selon vous ? 

Cela va bien au-delà de la conformité à la déclaration fiscale et de patrimoine. Un ministre exemplaire, c’est celui qui sert l’État, l’intérêt général, qui est loyal vis-à-vis du gouvernement et qui ne songe pas à son intérêt personnel directement ou indirectement. 

Emmanuel Macron dit qu’il faut commencer par moraliser la vie publique. Vous êtes satisfait de cette ambition à Anticor ?  

Nous nous félicitons. François Hollande avait fait des propositions dans ce domaine mais il avait fallu attendre l’affaire Cahuzac pour mettre en œuvre ces mesures législatives. Là, on entend tirer dès le départ les leçons d’une campagne électorale marquée par les affaires.

Sommes-nous dans une dictature de la transparence ?

C’est une nécessité, une obligation aujourd’hui. On a besoin de transparence dans la vie publique. C’est une vertu démocratique.

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