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"En quittant Matignon, Raymond Barre s’est mis à tourner dans Paris pendant des heures"

Par Benjamin Jeanjean

Invité de Jacques Pessis dans l’émission Les Clefs D’une Vie sur Sud Radio, le journaliste Patrice Duhamel revient notamment sur son dernier livre centré sur la vie des hommes de pouvoir une fois qu’ils ont quitté les ors de la République.

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C’est un saut dans le vide, une plongée dans l’inconnue que tous les anciens présidents de la République reconnaissent bien volontiers. Quitter le pouvoir est bien souvent une angoisse réelle pour des hommes et des femmes qui ont consacré une grande partie de leur vie à la conquête de celui-ci. Dans son dernier livre, co-écrit avec Jacques Santamaria et intitulé Les jours d’après, le journaliste Patrice Duhamel évoque ces moments particuliers, qu’il a également abordés ce mardi dans l’émission Les Clefs D’une Vie sur Sud Radio.

Barre : "La liberté, c’est ma voiture. Je vais être tranquille dedans"

Le journaliste se souvient notamment d’une curieuse anecdote sur Raymond Barre, Premier ministre de 1976 à 1981. "J’aimais beaucoup Raymond Barre, je le connaissais très bien. Quelques semaines après avoir quitté Matignon, remplacé par Pierre Mauroy en 1981, j’ai déjeuné avec lui (il était très gourmand). Je lui ai demandé ce qu’il avait fait juste après avoir quitté Matignon. Il me répond : "Je suis rentré chez moi et je me suis dit que la liberté, c’était ma voiture. Je vais être tranquille dedans, je vais pouvoir faire ce que je veux". Et il s’est mis à tourner dans Paris et autour de Paris pendant des heures et des heures. Il m’a dit : "C’était formidable parce que les gens me reconnaissaient quand je m’arrêtais au feu rouge, vous n’imaginez pas comme ils étaient gentils avec moi !". C’était très touchant, alors qu’il y avait eu de grandes manifestations syndicales contre lui", déclare-t-il.

"Chirac, pendant 30 ans, il n’a vécu que dans les palais nationaux"

Pour Patrice Duhamel, le choc est parfois rude pour les nouveaux ex-chefs de l’État. "Prenez l’exemple de Chirac. Il a vécu dans les palais nationaux de la République (ministre, Premier ministre, maire de Paris, président de la République) de 1977 à 2007 ! Pendant 30 ans ! Il ne vivait que dans ces palais. D’un seul coup, il se retrouve dans un appartement – certes magnifique, qui donnait sur le Louvre et la Seine, prêté par la famille Hariri – et il est complètement perdu ! Il ne s’agit pas seulement des gens qui le servaient, qui étaient à sa disposition. Mais s’il y a un point commun entre tous les présidents qui se sont succédé, c’est bien qu’ils se sentent totalement coupés du monde, et ils le disent eux-mêmes. Ils sont dans une bulle. D’un seul coup, vous sortez de la bulle et vous n’avez plus beaucoup d’amis… Quand on est président de la République, on ne peut pas avoir d’amis. Le soir où Giscard est élu en mai 1974, je lui demande pourquoi il est tout seul au moment d’apprendre sa victoire à la télévision. Il me répond : "Quand on est président, on est seul"", se souvient-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Patrice Duhamel dans Les Clefs D’une Vie

 

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