On comprend pourquoi Emmanuel Macron s’est exprimé hier. En affirmant au début et à la fin sa détermination à transformer profondément la France, il a quand même mis de l’eau dans son vin. Assez subtilement, mais c’était quand même le cas. On est à la veille du débat budgétaire, et on démarre avec cette perception sur le président des riches qu’il fallait donc gommer. En détaillant d’abord longuement le projet de réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage (permettre à tous ceux qui ont moins de moyens au départ de bénéficier d’une formation qualifiante). Puis ensuite avec une annonce : il y aura un débat sur la participation, "cette belle idée gaulliste" selon le Président.
Le signal est envoyé aux classes moyennes et aux salariés. Une manière, encore une fois, de rassurer : il ne pense pas qu’aux personnes les plus riches. Par trois fois, il a répété "je suis le président de tous les Français". Détail intéressant : la réalisation venait souligner le propos ! Régulièrement, les plans de coupe montraient en gros plan un livre sur André Malraux, le ministre de la Culture du Général de Gaulle et compagnon de la Résistance. Un exercice d’enmêmetempisme : louer le gaullisme social, et en même temps solder son fonctionnement.
Petite contradiction enfin : lui qui a toujours dit qu’il ne fallait pas légiférer à chaud selon les circonstances de l’actualité, il annonce un projet de loi sur le harcèlement sexiste en pleine affaire Weinstein. Sans minimiser évidemment la gravité du sujet, on voit que l’actualité fournit au Président la projet sociétal consensuel qu’il recherchait pour équilibrer sa politique.