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Didier Guillaume juge le Défenseur des droits "un peu gauchiste" et son rapport "bizarre"

Il dénonçait hier une France trop répressive où les services publics déclinent: le Défenseur des droits Jacques Toubon, ancien ministre de droite, fait preuve de gauchisme selon le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation (lui même ancien socialiste). Invité du "petit déjeuner politique", Didier Guillaume annonce aussi vouloir abattre plus de loup, et envisager "des solutions sociales d'arrêts de bateaux" de pêche dans le sillage du Brexit. Lors d'une réunion ce matin, il espère aussi faire entendre raison à l'allemand Südzucker, qui compte supprimer 130 emplois dans les sucreries en France.

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"Ce sont les gouvernements soutenus par M. Toubon qui ont supprimé les services publics"

La France, trop répressive, l'état alarmant des services publics dans les zones rurales... Hier, l'ancien ministre RPR devenu Défenseur des droits, rendait son rapport... en réponse auquel le ministre de l'agriculture le renvoie à son ancienne étiquette de droite. Jacques Toubon, devenu humaniste? "Un peu gauchiste, même, peut-être", ironise Didier Guillaume.

"Il fait son travail, il indique vers où on devrait aller, je trouve ça un peu bizarre... Mais il est indépendant, je n'ai aucun commentaire à faire. Mais oui les services publics ont beaucoup diminué dans le pays, c'est une des raisons de la crise dite des gilets jaunes, on s'est senti un peu abandonnés dans notre ruralité. D'ailleurs M. Toubon et le gouvernement qu'il soutenait est celui qui a fait la RGPP*, qui a supprimé les services publics dans tout le pays, mais je ne veux pas polémiquer. Il indique une situation, il faut la regarder."

* RGPP: révision générale des politiques publiques mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy

Didier Guillaume, qui approuve un constat sur le fond: "Il faut prendre en compte la ruralité. Il  y a un ras le bol d'être oubliés, de voir disparaître les services publics. Quel mépris pour les zones rurales que de parler de "France périphérique". Moi j'habite là où bat le coeur de la France, où il y a un sentiment d'abandon." 

Sucreries: "Südzucker ne peut pas agir comme un prédateur, dans notre pays"

Alors que Südzucker entend fermer plusieurs sucreries Saint-Louis en France (130 emplois supprimés à Marseille et dans le Calvados et la Somme), le ministre de l'agriculture dénonce l'attitude du groupe allemand, dont il doit rencontrer le président ce matin:

"Il y a des raisons de s'inquiéter, je suis ce dossier depuis trois semaines, mais je vais dire au président de Südzucker qu'il ne peut pas agir comme ça, comme un prédateur, dans notre pays. Bien-sûr, le cours du sucre s'est effondré, on en consomme de moins en moins et il y a de plus en plus de betteraves à sucre. Un responsable politique peut pas interdire de licencier ou obliger à embaucher, on va regarder ce que ça va lui coûter de nettoyer le site. J'ai encore espoir, même s'il y aura certainement une restructuration de cette filière."

Le ministre de l'agriculture, qui souligne aussi l'existence de nouveaux potentiels pour la filière agricole. "Il faut avancer dans le bioéthanol, et l'agriculture peut être à l'avant-garde de la transition énergétique, notamment pour les biocarburants".

Conséquences sociales du Brexit: "des arrêts de bateaux"

L'Etat se prépare à accompagner les pêcheurs français face aux conséquences désastreuses qu'induiraient un Brexit sans accord, indique Didider Guillaume:

"Nos pêcheurs n'auraient plus le droit de pêcher dans les eaux britanniques. Il se peut qu'un Brexit sans accord empêche tous les autres Etats européens de pêcher dans les eaux territoriales britanniques. ça serait un drame, il n'y aurait pas de possibilité de report, nous avons donc commencé à envisager des solutions sociales d'arrêts de bateaux... Certains pour qui ça représente 50 à 60% de leur pêche ne pourront plus le faire."

Selon le ministre, les britanniques eux-même ne réalisent pas la catastrophe que constituerait une sortie du Royaume-Uni sans accord avec l'Union européenne. "Le Royaume-Uni restera une île à 22 km de Boulogne-sur-Mer, donc il nous faudra bien un accord ! Le président de la République a clairement dit qu'il était hors de question que la pêche soit la variable d'ajustement du Brexit. Il va falloir remettre des douaniers et des vétérinaires, on en recrute et on en forme depuis plusieurs semaines, et ils seront en poste le moment venu."

"Il faudra abattre beaucoup plus de loups"

Un plan d'abattage d'une quarantaine de bêtes a été signé l'an dernier par Nicolas Hulot, mais les éleveurs demandent davantage...et le ministre de l'agriculture leur donne raison !

"Plus de 500 loups recensés. Nous sommes terriblement impactés dans la Drôme, 300 à 400 attaques par an ! Les éleveurs ne sont pas là pour avoir du stress en regardant leurs troupeaux se faire attaquer, ça coûte 30 millions d'euros d'indemnités chaque année à l'Etat français, mais les gens ne travaillent pas pour être indemnisés ! 500 loups, ce n'est plus une espèce en voie de disparition, donc il faudra en abattre beaucoup plus. J'ai commencé à faire des réunions au niveau européen. Le loup n'étant plus en voie de dépeuplement, l'Europe doit laisser plus de marge aux Etats."

Pour Didier Guillaume, '"nous ne sommes pas contre la biodiversité, la réintroduction du loup ou de l'ours ne sont pas négatifs. Mais au bout d'un moment, les gens doivent  comprendre que ça n'est plus possible !"

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