La France est désormais assurée d’avoir ses Jeux Olympiques, probablement en 2024. C’est en tout cas le message passé par le comité olympique mardi soir en choisissant la double attribution à Lima à la rentrée. Avant même de les organiser, Paris est donc médaille d’or de la candidature, mais en vestiaire il y a une bataille redoutable qui se joue : Paris a gagné les jeux mais Anne Hidalgo, la maire de Paris, les a perdu face à Emmanuel Macron.
On ne se méfie jamais assez du chef de l’État, l’Arsène Lupin de la politique, le gentleman cambrioleur du pouvoir. Ainsi, le dernier acte de cette sourde bataille en coulisse s’est déroulée à Lausanne où la présence du président, accompagné de son épouse, a relégué la maire de Paris au deuxième plan. Il suffisait de voir les images pour s’en rendre compte : les gestes d’Emmanuel Macron font à chaque fois le buzz, comme ce moment où il donne un coup de main pour hisser le fauteuil roulant d’un membre du CIO pour se placer sur la tribune.
Certes, il n’est pas question de minimiser les efforts de la maire de Paris pour construire ce dossier solide et attractif. Cette candidature était son terrain réservé… jusqu’à l’élection du président Macron. Dès le jour de son investiture, le chef de l’État s’est positionné dans son discours pour brandir la candidature de la France. Un message reçu cinq sur cinq par la maire de Paris qui avait d’ailleurs rechigné à libérer son agenda pour l’accueillir ce jour là parce qu’il y avait la tournée du CIO à Paris avec un dîner le soir même. Tout en sourire, Emmanuel Macron trouvait également une manière de répliquer à Anne Hidalgo qui avait refusé à l’équipe l’accès au Champ-de-Mars pour le rassemblement le soir de la victoire. Pourquoi ? À cause de la tournée du CIO, d’où la solution trouvée à la Pyramide du Louvre.
Et pas la peine d’imaginer voir ces deux personnalités trouver une relation plus sereine avec les Jeux olympiques à préparer, la bataille devrait même redoubler d’intensité. Les JO 2024 arrivent quatre ans après les élections municipales, et deux ans après la prochaine présidentielle. Si les Jeux de Paris doivent beaucoup à l’action de la maire de la capitale, la présidentielle est passée par là et a changé la donne. Désormais, chez les "macronistes", le projet à peine caché est de se mettre en marche vers la mairie de Paris. Anne Hidalgo connaît bien l’équation politique : ses relations avec macron sont froides tandis que près de 80 % des électeurs ont voté Emmanuel Macron au deuxième tour de l’élection présidentielle.
La maire de Paris a donc deux solutions : soit elle passe un accord politique avec le chef de l’État, soit les électeurs devront trancher en 2020. Aujourd’hui, elle n’est pas en position de force mais elle compte bien ne pas rester inerte et veut multiplier les initiatives de communication pour montrer qu’elle reste dans la course. La compétition pour le pouvoir à Paris est en passe de devenir une discipline olympique. Or, en la matière, l’essentiel n’est pas de participer mais de gagner car il n’y a qu’une seule place sur le podium.