D’ordinaire, on se met en congé, on claque la porte, ou on est exclus. Prendre du recul en ne payant pas sa cotisation, c’est une nouvelle forme d’acte de défiance vis-à-vis de l’équipe dirigeante des Républicains, sans pour autant rompre définitivement. Mais venant d’Alain Juppé, cela prend évidemment une dimension différente et instructive. Elle montre tout simplement qu’Alain Juppé fait l’analyse que la demande des Français est celle d’une forme d'en-même-tempisme, de droite et de gauche, et que l’offre politique qui rencontre cette demande, c’est pour lui le macronisme. Sans pour autant franchir le pas, il se rapproche donc des formations de la droite pro-Macron.
Alain Juppé a aussi évoqué son intérêt pour les européennes, mais il est assez peu probable de l’imaginer prendre la tête d’une liste, quand on connaît le personnage et son parcours et surtout quand on connaît son envie de rester maire de Bordeaux ! Virginie Calmels, sa première adjointe désormais lieutenant de Laurent Wauquiez, en sait quelque chose... La raison est en fait à trouver dans cette confidence qu’Alain Juppé fait en petit comité : "Demain si on vote, je perds Bordeaux". À rapprocher également de ces études confidentielles réalisées par l’exécutif : si les municipales avaient lieu demain, une dizaine de villes basculeraient dans l’escarcelle de La République En Marche. En clair, Alain Juppé, qui souhaite rester maire de Bordeaux en 2020, doit changer d’étiquette ! Et pas la veille du scrutin, il faut rester crédible donc faire mouvement bien avant. En politique, une élection en cache toujours une autre. Or, les municipales, après les européennes, seront l’heure de vérité d’Emmanuel Macron pour asseoir son pouvoir localement et créer des relais dans tout le pays.
Nul doute qu’Alain Juppé veut prendre toute sa part avec le recul nécessaire sur les deux grandes œuvres de sa vie : fondateur de l’UMP avec Jacques Chirac, et maire de Bordeaux avec lui-même.
Réécoutez en podcast l’édito de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio