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Barbancey : "Les propos de Macron sur les jihadistes traduisent une grande gêne"

Par Benjamin Jeanjean

Grand reporter de guerre à L’Humanité, Pierre Barbancey était l’invité du journal de 18h sur Sud Radio pour évoquer les récents propos d’Emmanuel Macron sur le retour en France des jihadistes partis en Syrie.

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Que faire des jihadistes français partis faire la guerre en Syrie et qui se retrouvent aujourd’hui désemparés face au démantèlement du califat de l’État Islamique ? C’est la question à laquelle la France devra répondre très prochainement, à l’heure où l’organisation terroriste n’a aujourd’hui plus aucune localité d’envergure sous sa coupe en Syrie et en Irak. Cette semaine, Emmanuel Macron a ainsi fait part de sa volonté de traiter la question du retour de ces jihadistes et de leurs familles "au cas par cas". Grand reporter de guerre à L’Humanité, Pierre Barbancey était l’invité du journal de 18h sur Sud Radio pour évoquer ces propos.

"Il ne doit pas y avoir de procès de masse, donc le cas par cas tombe sous le sens. Si des actions de justice sont entreprises, c’est évidemment pour chaque dossier. Mais plusieurs questions se posent. Qui va décider de ceux qui ne seront pas inquiétés et jugés ? Quel est le pouvoir qui va décider de ça ? Ça pose un vrai problème ! Quels sont les accords que la France passe avec certains autres pays ? Quelles seront les négociations en cours, avec l’Irak par exemple ? Les autorités françaises sont un peu gênées et ne citent pas la Syrie, puisqu’il y a évidemment un problème avec le gouvernement syrien aujourd’hui", déclare-t-il avant de pointer le malaise ressenti par la France dans ce dossier.

"Il se passe des choses bizarres"

"Je pense que ces propos traduisent surtout une grande gêne, qu’il faudrait peut-être relier aux déclarations précédentes de sa ministre des Armées Florence Parly, qui avait dit que si ces jihadistes ne revenaient pas et mourraient à Raqqa, ce serait tant mieux. C’est une justice un peu expéditive qui s’apparente plus à la loi du talion qu’à autre chose. Ces propos vont également de pair avec ce que m’ont dit nombre d’interlocuteurs en Irak, à savoir que les chancelleries occidentales ont laissé entendre – pas officiellement – que si ces jihadistes ne revenaient pas en Europe, ce serait beaucoup mieux", analyse-t-il.

Pour ce qui est du court terme, Pierre Barbancey soulève plusieurs questions générées par la situation actuelle. "Des jihadistes français mais aussi européens ont été capturés, et on aimerait donc avoir plus d’informations maintenant ! Combien de jihadistes français ont été arrêtés ? Quel est le nombre de famille ? Où sont ces prisonniers ? Qui les interroge ? Beaucoup de questions se posent aujourd’hui, et il se passe des choses bizarres. On découvre par exemple dans les médias des interviews de prisonniers, contrairement à toutes les Conventions de Genève, ce qui pose un sérieux problème", relève-t-il.

"Il faut un vrai débat national, intelligent et responsable"

Enfin, le journaliste appelle également à apporter une réponse plus globale et durable au fléau de la radicalisation, alors que des enfants parfois très jeunes devraient revenir avec ces jihadistes. "Je pense que les enfants sont récupérables, il faut bien sûr qu’il y ait un suivi. Mais la question doit se poser plus largement. Va-t-on se reposer le problème de générations en générations ou va-t-on enfin s’attaquer à la racine de ce qui fait que des gens partent comme ça avec toute leur famille faire le jihad et former des jeunes adolescents qui suivront le même chemin ? Il faut qu’il y ait en France un véritable débat national sur ces questions, intelligent et responsable, et pas simplement la loi du talion !", martèle-t-il.

Écoutez en podcast l’intégralité de l’interview de Pierre Barbancey sur Sud Radio

 

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