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Plantu : "Un dessinateur est toujours en train de flirter avec la ligne rouge"

Par Benjamin Jeanjean

Dessinateur de presse bien connu des Français, Plantu était l’invité du 10h-12h de Sud Radio présenté par Valérie Expert. Le caricaturiste est notamment revenu sur son métier et les risques qu’il présente actuellement.

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Il est indissociable de l’image du journal Le Monde, dont il a fourni de nombreuses Unes emblématiques. Dessinateur de presse et caricaturiste, Plantu était l’invité du 10h-12h de Sud Radio ce vendredi, lui qui publie actuellement son nouveau livre, Les toutous du Présidents (éditions du Seuil). Habitué aux critiques et aux polémiques, Plantu a notamment été visé pour deux dessins publiés cette semaine, l’un présentant Abdelkader Merah arrivant en prison, l’autre affichant un enseignant garantissant qu’il n’enseignait plus la Shoah en classe.

Ce dernier dessin notamment a été vivement commenté sur les réseaux sociaux. "On travaille avec les profs en France, et on les remercie parce qu’ils font un travail formidable de pédagogie sur la Seconde Guerre mondiale. On voit qu’il y a des malentendus. Évidemment, quand je vais au lycée Henri IV il n’y a aucun problème. Quand je vais dans des coins un peu plus compliqués, j’entends des phrases du genre "Vos copains de Charlie, ils ont été tués et c’est bien fait". Il faut le savoir", déclare-t-il au micro du 10h-12h de Sud Radio.

"Quand on réunit avec Cartooning for Peace (Ndlr : son association réunissant des dessinateurs du monde entier) des dessinateurs musulmans et israéliens, comme on le fera la semaine prochaine à Molenbeek, on voit bien qu’il faut refaire des ponts entre les communautés et les cultures, là où il y a aujourd’hui des fossés. (…) Un dessinateur est toujours en train de flirter avec la ligne rouge. Il est là pour dire des choses qu’on n’arrive pas, parfois, à dire par la parole", ajoute-t-il.

"Je suis tout le temps protégé par des policiers"

Pour Plantu, la question de l’enseignement de la Shoah est devenue particulièrement sensible en France. "Quand je suis allé à Moscou il y a quelques mois, j’ai vu un spectacle intitulé "La Shoah sur glace". On y voit des gens habillés en déportés, avec l’étoile de David, qui miment la moustache et la petite mèche d’Hitler, et qui font du patin à glace… Je leur ai dit : "Si vous faites ça à Paris, il y aura un souci". Et les Russes m'ont répondu : "Où est le problème ?". Il y a des gens qui trouvent très drôles de faire des dessins rigolos sur la Shoah. Un dessinateur que j’adore, Philippe Vuillemin, avait fait il y a 30 ans un dessin sur les camps de la mort, avec des militaires allemands qui voyaient des déportés et qui disaient : "Tu te rends compte, il est 11h du matin et ils sont encore en pyjama !". Moi ça me fait rire, mais je peux comprendre qu’il y ait des gens qui se sentent humiliés. C’est pour ça qu’on a créé Cartooning for peace : pour écouter le ressenti. Un dessinateur n’a pas à dire à un autre dessinateur ce qu’il doit ou ne doit pas dessiner", explique-t-il.

Alors que la rédaction de Charlie Hebdo a de nouveau reçu des menaces ces derniers jours suite à un dessin représentant Tariq Ramadan, Plantu assure ne pas se sentir particulièrement touché au quotidien par ce climat pesant. "Je suis tout le temps protégé par des policiers, mais quand je fais mon dessin et que je m’en prends aux salafistes, je ne prends pas de pincettes. Je me débrouille pour qu’on n’en fasse aucune généralité sur les croyants. (…) La Une de Charlie Hebdo est géniale, elle est drôle. Un copain musulman me disait hier qu’il ne fallait pas rigoler avec ça. Ça va, on rigole… Ce n’est pas une humiliation contre les croyants ! Or, mon ami musulman et modéré le vit mal ! On est mal barrés…", déplore-t-il.

Retrouvez en podcast l’intégralité du passage de Plantu dans le 10h-12h de Sud Radio

 

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