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Me Cohen : "Abdelkader Merah a été rusé, roué, intelligent, froid, calculateur"

Par Benjamin Jeanjean

Avocat des parties civiles au procès d’Abdelakder Merah, Me Simon Cohen était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce matin, au lendemain du réquisitoire de l’avocat général.

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La fin approche pour le procès d’Abdelkader Merah. Ce lundi, l’avocat général a levé le voile sur son réquisitoire, réclamant la réclusion criminelle à perpétuité pour le grand frère de Mohamed Merah, qui avait choqué la France en assassinant en 2012 sept personnes dont trois enfants de confession juive. Avocat de certaines parties civiles, Me Simon Cohen était l’invité du Grand Matin Sud Radio. Il n’est pas surpris par la sévérité du réquisitoire de l’avocat général à l’encontre de celui qui est accusé de complicité des meurtres de son petit frère.

"C’était un réquisitoire attendu. Il était difficile, dans un dossier de cette nature et en l’état des faits et des hommes jugés, d’imaginer qu’une autre peine puisse être requise. Les victimes attendent surtout le verdict. L’avocat général exprime le point de vue de l’accusation, puis la défense sera entendue et la cour tranchera. Les réquisitions de l’avocat général peuvent être un indice du degré de gravité que la société accorde aux faits, mais en aucun cas une certitude quant à la décision finale", tempère-t-il néanmoins, alors que la parole sera à l’avocat de la défense ce mardi. 

Pour Simon Cohen, deux enseignements significatifs ont été livrés lors de ce procès. "Le premier est l’attitude d’Abdelkader Merah, qui éclaire le rôle qui aurait pu être le sien. Impassible, maître de lui, maniant parfaitement ses arguments sans un seul sentiment de compassion vis-à-vis des victimes. C’est très important car exprimer des regrets ou de la compassion, ce serait se renier. Et il ne peut pas se renier. C’est un combattant de celui qu’il dénomme son créateur. Le second enseignement, c’est qu’il ne faut pas prendre pour acquises des phrases prononcées trop tôt. Je fais référence au fameux "loup solitaire" de Bernard Squarcini. Je réfute cette expression depuis le départ, mais je crois que Squarcini et les gens de la DCRI ont été mal compris. Ce qu’il voulait dire, c’est que le tueur était seul sur ses lieux et a tiré seul. C’est incontestable. En revanche, dans son état d’esprit, ça n’excluait nullement la présence à ses côtés d’un inspirateur – en l’espèce, son frère – et d’une manière de soutien logistique", assure-t-il.

"Pas de compassion, pas de condamnation sérieuse, rien"

L’avocat des familles de victimes a également dépeint le portrait d’Abdelkader Merah en fonction de son attitude lors de ce procès. "Abdelkader Merah est tel qu’en lui-même. Il ne peut pas dire ouvertement qu’il se réjouit de ce qu’il s’est passé, encore qu’à l’occasion d’un parloir sonorisé, il a ouvertement revendiqué devant sa mère et sa compagne les actes de son frère. Il a même dit à son épouse : "Si tu avais un fils et qu’on pouvait l’appeler Mohamed, quel merveilleux cadeau ce serait". En revanche, il ne s’est pas trahi ni renié. Pas de compassion, pas de condamnation sérieuse, rien. Manipulateur, rusé, roué, intelligent, froid, calculateur", décrit-il.

Selon lui, "il y a une attente massive non seulement à Toulouse, non seulement dans les familles juives, mais – je pense – dans l’ensemble de la population". "Il est important que le verdict constitue une réponse sérieuse à une menace certaine. Ce sera, je l’espère, non pas un coup d’arrêt mais le signe fort que les démocraties sont capables de se défendre, même contre les ennemis de la liberté", ajoute-t-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Simon Cohen dans le Grand Matin Sud Radio

 

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