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Épilogue attendu ce lundi dans le dossier de la reprise de Tati

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

Les salariés de Tati et des trois autres marques en difficulté d'Agora Distribution sauront ce lundi l'offre de reprise entérinée par le tribunal de commerce de Bobigny. Gifi et un consortium regroupant cinq enseignes sont sur les rangs.

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C'est l'épilogue d'un feuilleton de plusieurs mois. Le tribunal de commerce de Bobigny doit faire savoir sa décision ce lundi concernant les offres de reprise des magasins Tati et de trois autres marques en difficulté du groupe Agora Distribution (groupe Eram). Gifi ou un consortium de cinq enseignes ont déposé une offre.

Pour les salariés de l'enseigne au vichy rose, des femmes en majorité, la décision du tribunal, attendue en début d'après-midi, mettra fin à une période difficile à supporter. "Ça a été long, stressant et dur", résumait la semaine dernière à Bobigny Male Papa (CGT). "Psychologiquement fatigant", insistait Fouzia Bekhedda (Seci-Unsa).

Placé en redressement judiciaire début mai, Agora Distribution (140 magasins et plus de 1 700 salariés au total), qui regroupe les enseignes Tati, Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania, a été mis en vente par son propriétaire Eram en mars.

Depuis, les deux principaux repreneurs potentiels se sont livré une rude bataille pour l'emporter, à coups d'améliorations successives de leurs offres mais aussi sur le terrain, auprès des salariés. Au point de les diviser entre "pour Gifi" et "pour l'emploi", à l'image des slogans criés par les deux camps devant le tribunal, dans une ambiance parfois tendue. 

L'offre du groupe GPG, présidé par le fondateur des magasins Gifi, Philippe Ginestet, "mieux-disante socialement" selon Eram, est en concurrence avec celle d'un consortium d'enseignes à bas prix composé de La Foir'Fouille, Centrakor, Stokomani, Maxi Bazar et Dépôt Bingo.

Le premier prévoit de reprendre 1.428 emplois directs et 109 magasins, ainsi que 24 franchisés, avec pour objectif de conserver l'enseigne Tati. Le second projette, lui, la reprise de 1.298 salariés et de 98 magasins, dont 16 continueront d'être exploités en tant que Tati, ainsi que 27 franchisés.

Tous deux promettent aussi de garantir les emplois sur deux ans et d'abonder le plan social à hauteur de 2 millions d'euros.

Des vivats pour Gifi

Une troisième offre émanant de l'enseigne Babou ne porte que sur six magasins.

Pour les syndicats CFDT, CFTC et Unsa, l'offre de Gifi est "incontestablement la meilleure", "loin devant le consortium". Outre le nombre supérieur d'emplois repris, elle permet aussi d'éviter une "vente à la découpe", soulignent-ils. 

Lundi dernier, la CFDT avait d'ailleurs affiché la couleur, ses militants arborant des tee-shirts siglés Gifi, fabriqués pour l'occasion, et entourant Philippe Ginestet sous des vivats jusqu'à l'entrée du tribunal.

La CGT revendique de son côté ne soutenir que "les salariés et l' emploi". Sans vouloir prendre position, elle a exprimé des réserves sur l'offre de Gifi, craignant notamment pour l'avenir d'une trentaine de magasins qui pourraient devoir être cédés sur décision de l'Autorité de la concurrence.

Une inquiétude balayée par la CFDT : "Trois ou quatre (magasins) peut-être", assure son représentant Tahar Benslimani. 

Autres points soulevés par la CGT : des incertitudes sur le devenir du magasin historique de Barbès, à Paris, et de sa centaine de salariés, pour une raison liée au bail, ainsi que la possible mise sous mandat de gestion de plusieurs magasins après 12 mois, un statut juridique moins protecteur pour les salariés selon elle.

Quel que soit le repreneur retenu, les choses devraient aller très vite pour les salariés une fois la décision rendue. Un accord sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), signé le 16 juin, prévoit pour ceux qui seront licenciés une somme moyenne de 10 000 euros, en fonction de l'ancienneté, au-delà de l'indemnité légale.

Le ministère du Travail s'est aussi engagé sur la mise en place d'une cellule de reclassement.

Pour l'enseigne fondée en 1948 par Jules Ouaki, c'est une page qui se tourne, après sa reprise en 2004 par Eram. Avec une nouvelle stratégie à définir. En 2016, le pôle Agora Distribution a enregistré une perte nette de 148,5 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 346,7 millions d'euros.

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