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Denis Robert : "J’ai gagné contre une multinationale"

Par La Rédaction

Devenu célèbre dans les années 2000 grâce à ses enquêtes sur la chambre de compensation Clearstream, le journaliste et écrivain Denis Robert publie avec Catherine Le Gall son dernier livre, "Les Prédateurs, des milliardaires contre les États" (Éditions du Cherche Midi), où il revient sur les affaires Quick et GDF-Suez et dénonce la complicité de l’État français.

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Denis Robert est l’un de ces journalistes d’investigation qui ont payé cher pour les révélations qu’ils ont choisi de faire. Au bout de 63 procédures, en 2011 la Cour de cassation a finalement estimé qu’il y avait un non-lieu, puisque les livres et les documentaires de Denis Robert constituaient des "enquêtes de bonne foi servant l’intérêt général". "Grâce à cette bataille judiciaire il existe aujourd’hui une jurisprudence qui donne plus de liberté aux journalistes", se réjouissait Denis Robert, invité d’André Bercoff dans l’émission "Bercoff dans tous ses états" sur Sud Radio le 9 octobre 2018.

Au cours de cette entretien, Denis Robert a raconté à André Bercoff comment l’homme d’affaires belge Albert Frère a cherché à vendre Quick en 2004 sur les marchés, et qu'il n’a pas trouvé preneur à 300 millions. 18 mois plus tard, sans du tout changer ni la structure ni le nombre de restaurants franchisés, Albert Frère a réussi à le vendre 760 millions à… la Caisse des Dépôts et Consignations ! "On ne croit pas que c’est vrai, que c’est possible, parce que c’est un lanceur d’alerte un peu maladroit qui lance tout ça et qui est obsédé par ce combat-là". C’est ainsi que Denis Robert décrit l’accueil qui a été réservé à son travail d’enquête.

"On tire ce fil-là, et le diable se cache vraiment dans les détails. Le challenge du livre, c’est d’essayer de faire comprendre (et de comprendre nous-mêmes) comment ils ont fait ça. Évidemment que la Caisse des Dépôts n’a pas envie de communiquer là-dessus, elle s’est cachée derrière les masques", poursuit Denis Robert.

Au cours de cet entretien avec André Bercoff, Denis Robert a également dénoncé la complicité de l’État français dans cette affaire. "Ce qui est fascinant, c’est que l’État ne résiste pas à ça et qu’on est au cœur de la compromission. Il y a une complicité de l’État sarkozyste", a-t-il estimé.

Denis Robert a aussi abordé une autre affaire, celle de la privatisation de Gaz de France, une affaire intimement liée à l’homme d’affaires canadien Paul Desmarais. "Au fameux repas de Fouquet’s [organisé pour célébrer la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007], il y avait Albert Frère et Paul Desmarais. C’étaient les deux seuls milliardaires étrangers parmi les 57 invités. Ils ont parié sur le cheval Sarkozy, qui s’est par la suite révélé très gentil avec eux puisqu’il leur a donné Gaz de France, alors que quelques mois plus tard Sarkozy avait promis que jamais Gaz de France ne serait privatisé. C’est pour ça qu’on paie aujourd’hui notre chauffage beaucoup plus cher. C’est la chaleur des pauvres qu’on a bradé", a déclaré Denis Robert à André Bercoff.

Denis Robert n’a pas non plus été tendre avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. "Juncker est la marionnette de ces milliardaires, et en particulier d’Albert Frère. Ils se connaissent très bien, c’est une sorte de confrérie. Et pendant ce temps, le public est tenu à l’écart de tout ça, parce qu’on se dit que c’est très compliqué", explique-t-il.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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