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Culture woke : "Un mouvement qui vire à la discrimination positive" pour Anne de Guigné

Comment la culture woke s'est invitée dans les entreprises françaises ? La journaliste Anne de Guigné était l'invitée de "Bercoff dans tous ses état" sur Sud Radio.

Anne de Guigné
Anne de Guigné, invitée d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

En juillet 2021, la compagnie aérienne Lufthansa demande à son personnel de bannir l’expression "mesdames et messieurs", au profit d’un discours qui s’adresserait à tous ses passagers, homme, femme, femme né homme, homme né femme, etc… Un exemple qui illustre bien la pression que la société civile, ses évolutions, parfois son idéologie, peuvent exercer sur les entreprises, qui pour tenter de séduire leurs clients, s’adaptent aux nouveaux goûts du jour. Bienvenue dans la culture woke.

"L’entreprise cristallise la quête de sens"

Ce mouvement, parti des États-Unis, gagne aujourd’hui peu à peu l’Europe, en parallèle de l’expansion de la culture woke, un terme qui signifie "éveillé" en anglais, et qui désigne le fait d’être conscient des "problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale". C’est le discours tenu dans le dernier livre de la journaliste Anne de Guigné, auteur de Le capitalisme woke : quand l’entreprise dit le bien et le mal (éd. AP La cité). Invité sur le plateau d’André Bercoff, sur Sud Radio, elle explique que "depuis dix ans, les entreprises sont entrées en politique aux États-Unis. Depuis dix ans, les entreprises peuvent financer les campagnes directement. Elles donnent de plus en plus leur avis sur les lois. Leurs avis sont de plus en plus engagés. Et le mouvement arrive en Europe depuis deux, trois ans".

"Il y a une pression forte des mouvements. Surtout aux États-Unis. Les entreprises répondent à la demande de la société, notamment des jeunes, qu’il s’agisse de leurs salariés ou de leurs clients. Il y a une quête de sens car les institutions ne sont plus là pour répondre à cette quête. L’entreprise cristallise cette demande de quête de sens. Elles veulent faire du profit. Alors elles y répondent", ajoute l’auteur de Le capitalisme woke : quand l’entreprise dit le bien et le mal (éd. AP La Cité).

Comment la culture woke s’implante en France

En France, le mouvement est encore limité. "On ne le trouve que dans les entreprises qui marchent bien, et l’industrie est encore assez loin de ces sujets-là. Les secteurs concernés sont avant tout le luxe ou la finance. L’idée derrière est de lutter contre les discriminations. Aujourd’hui, ce mouvement de lutte vire à la discrimination positive, pour rattraper le passé, quitte à classer chacun selon son genre et son orientation sexuelle", lance la journaliste au micro de Sud Radio.

Par nature, l’entreprise a toujours été, sur le papier, un lieu où tout le monde peut se mêler, quelle que soit l’origine. C’est un lieu de rencontres, d’aventures. Avec la culture woke, les choses changent. "C’est très dommage que cette essentialisation des personnes arrive et touche l’entreprise. Une origine se transforme autant qu’elle s’hérite. La culture woke nie cette capacité des gens à s’extraire de leur origine, elle assigne à résidence, elle les enferme dans ces origines", lance Anne de Guigné.

Culture woke : comment les entreprises répondent aux attentes de leurs clients

Les entreprises s’emparent aujourd’hui de ce mouvement de société, à des fins mercantiles évidemment. Car il faut bien vendre. Mais pour Anne de Guigné, ce positionnement ne leur ouvre pas de nouveaux marchés. "Ce sont leurs clients qui attendent ces prises de position. L’entreprise y répond. Il n’y a pas de marché caché. C’est une attente forte des jeunes générations. Et l’entreprise suit", précise la journaliste. Une stratégie parfois éloignée des valeurs propres construites au fil des ans par une société.

Aujourd’hui, à la sortie des grandes écoles, Anne de Guigné rappelle que la rémunération arrive loin derrière les préoccupations premières des étudiants. "Ils veulent des entreprises engagées, notamment sur l’écologie. Les jeunes sont prêts à faire des concessions pour travailler dans des entreprises engagées. Et de l’autre côté, l’entreprise se dit qu’avec deux, trois pubs engagées, elle peut avoir des jeunes gens très diplômés. Il y a un deal", conclut la journaliste.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

 

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