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Pourquoi la masturbation féminine est-elle encore taboue ? La réponse de Brigitte Lahaie

Si la masturbation masculine semble tout à fait normale, voire systématique - même s’il existe des hommes qui n’y ont jamais recours - la masturbation féminine paraît, elle, plus marginale. Si cela est en train de changer, on remarque que les préjugés demeurent.

Brigitte Lahaie répond à toutes vos questions
Brigitte Lahaie répond à toutes vos questions

Selon une étude IFOP réalisée en 2017, 74% des femmes disent avoir recours à la masturbation (contre 19% dans les années 70) tandis que 95% des hommes la pratiquent. Si les femmes entre 18 et 25 ans sont plus promptes à en parler, seulement 38% des plus de 60 ans se confient à ce sujet. Sans doute parce que la révolution sexuelle n’a pas été vécue par les plus âgés et que les tabous sont bien ancrés. Il faut aussi savoir que lorsqu’une habitude sexuelle n’a pas été mise en place suffisamment tôt, ce n’est souvent pas après cinquante ans qu’elle s’installera. Les bienfaits de la masturbation sont reconnus depuis peu et cette pratique n’est pas totalement entrée dans les moeurs.

Le poids de notre héritage

La culture occidentale n’a jamais incité les femmes à se caresser. Elles osent encore assez peu se procurer du plaisir. Pour de nombreuses femmes leur sexualité dépend de leur amant. Par exemple, peu d’entre elles utilisent un jouet intime lorsqu’elles sont seules. Elles ne le sortent qu’en compagnie de leur partenaire. Et c’est bien dommage car une femme qui apprend à se masturber connaîtra beaucoup mieux son corps et saura quelles caresses lui conviennent. Peut-être même n’hésitera-t-elle pas, lors du coït, à toucher son clitoris au moment crucial afin de favoriser sa jouissance.

Malheureusement beaucoup de femmes attendent tout de leur amant. Comme la Belle au bois dormant qui attend son prince charmant pour s’éveiller à la vie.

Les hommes et la masturbation féminine

Les hommes ont rarement des blocages par rapport à la masturbation, sauf empreinte culturelle forte. En revanche, ils ne voient pas tous d’un bon oeil la masturbation de leur compagne. Comme si le fait que leur partenaire se débrouille parfois seule signifiait qu’elle n’a pas assez de plaisir avec eux. Cela n’a pourtant rien à voir. La masturbation fait partie du jardin intime. Elle sert à évacuer les tensions, pallier des carences sexuelles (quand le couple est éloigné par exemple) ou à la découverte de son corps. Et puis il faut bien comprendre que le plaisir se multiplie, jamais il ne se divise. En jouissant seule, la femme n’enlève rien à l’homme. Les hommes le comprennent pour eux-mêmes mais ils sont encore nombreux à avoir du mal à imaginer qu’il puisse en être de même pour leur compagne.

Ils auraient pourtant tout à gagner à encourager leur partenaire à se masturber… Car plus les orgasmes sont fréquents et forts, plus la personne est prédisposée à en obtenir facilement. C’est comme l’appétit : plus on a d’appétit, plus on mange et plus on mange, plus on aura faim !

Masturbation féminine : il faut persévérer !

L’évolution de la sexualité laisse à penser qu’au fil des années elles seront de plus en plus nombreuses à oser. Sauf que le plus grand obstacle à cette pratique reste le manque de résultats. Si une femme tente de se masturber et qu’elle n’obtient pas grand plaisir au bout d’un quart d’heure, elle abandonne. Autant pour un homme la masturbation se révèle facile et efficace quant au résultat, autant pour la femme c’est parfois un vrai parcours du combattant.

Il y a des raisons à cela. En premier lieu il y a le manque d’excitation de départ, tout comme le manque de motivation. Pour certaines femmes, la sexualité n’a de sens que pour satisfaire l’autre, dans l’espoir d’avoir un enfant ou pour sceller une union avec un partenaire. C’est ce qu’on a voulu nous faire croire pendant des siècles ! Se donner du plaisir seule n’est pas toujours intégré pour la femme encore trop emprunte des diktats d’une société patriarcale.

La masturbation féminine fait partie de la révolution sexuelle mais aussi de la révolution féministe. Mettre en avant le clitoris et le point G dans le discours féministe, voilà un acte fort ! Pour le bien-être des femmes mais aussi celui des hommes et du couple. Quoi de mieux qu’une femme épanouie dans son corps pour devenir une bonne amante et être une partenaire heureuse ?

Brigitte Lahaie

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