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Mort de Naomi à Strasbourg : "La conversation est affolante", selon Patrick Pelloux

Par Mathieu D'Hondt

Patrick Pelloux (Médecin Urgentiste et président de l'Association des Urgentistes de France) était ce mercredi l'invité de Philippe Verdier dans le Grand Matin Sud Radio.

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C'est un triste fait divers, à peine croyable, qui s'est déroulé le 27 décembre dernier à Strasbourg (Bas-Rhin). Alors qu'elle se tordait de douleurs, souffrant de forts maux de ventre, une jeune Strasbourgeoise de 22 ans avait subi des railleries de la part de deux opératrices téléphone du Samu, qui lui avaient finalement conseillé, non sans un certain dédain, d'appeler SOS médecin afin d'être prise en charge. L'histoire aurait pu s'arrêter là sauf que les faits ont rapidement viré au drame. Ayant réussi à joindre les urgences médicales, après 5h de tentative, la jeune femme avait ensuite été victime d'un infarctus lors de son transfert à l'hôpital avant de décéder quelques heures plus tard en réanimation. L'information, révélée par nos confrères alsaciens de Hebdi, a rapidement suscité l'émoi et une enquête administrative a été ouverte.

"C'est très triste (...) c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire en médecine d'urgence"

L'enregistrement de la conversation, entre la victime et les opératrices, a depuis été rendu public, il est accablant pour ces dernières. Selon l'urgentiste Patrick Pelloux (Président de l'Association des Urgentistes de France), cette attitude est déplorable et met en lumière le manque de moyens dans les centres d'appel du Samu.

"Cette conversation est affolante et pour un professionnel de l'urgence, c'est très triste parce que ce n'est pas comme cela que l'on doit travailler. On était déjà au courant de cette bande depuis plusieurs semaines déjà (...) c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire en médecine d'urgence", a-t-il ainsi déploré. "Je ne sais pas comment la permanencière en est arrivée là. Avait-elle trop travaillé ? C'était pendant des épidémies de grippe, était-elle saturée par le travail ? On peut trouver plein d'explications mais ça n'excuse pas du tout ce qu'il s'est passé", a-t-il ajouté.

"On est passé de quelques millions d'appels dans les années 80 à plus de 30 millions d'appels au Samu et chez les pompiers aujourd'hui (...) Le Samu ne s'est pas redimmensionné et c'est là où il y a un besoin de réforme. Quand vous téléphonez aux secours et que vous tombez sur des disques qui vous mettent en attente avec une qualité moins importance que celle d'un 'call center' pour des machines à laver, ça pose problème", a-t-il par ailleurs poursuivi. Et l'intéressé de dénoncer le manque de dialogue avec les autorités. "Quand on le dit aux pouvoirs publics, ils ne nous écoutent pas (...) on ne les voit jamais. Les système qui étaient présents au XXe siècle ne sont plus valables au XXIe siècle. Quand vous voyez qu'avec les grands standards, notamment aux États-Unis, on décroche au bout de deux sonneries avec une réponse globale, ce sont des choses comme ça qu'il faut que l'on arrive à monter en France  ", a-t-il ensuite préconisé.

"Ce qu'il s'est passé à Strasbourg doit vraiment nous faire réfléchir (...) sur comment faire pour que le personnel travaille le mieux possible et puisse répondre dans de meilleures conditions aux appels urgents", a-t-il conclu.

>> Retrouvez l'intégralité de l'interview, disponible en podcast

 

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