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"Abdelkader Merah a dit à la cour qu’il voulait un État islamique en France"

Par Benjamin Jeanjean

Au lendemain de la condamnation d’Abdelkader Merah, Méhana Mouhou, avocat de la famille d'Imad Ibn Ziaten (militaire tué par Mohamed Merah), était l’invité du Grand Matin Sud Radio pour réagir à ce verdict.

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Vingt ans de prison pour association de malfaiteurs à visée terroriste, mais acquittement pour le chef d’accusation de complicité d’assassinat. Tel est le verdict prononcé hier par la cour d’assises spéciale de Paris pour le procès d’Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah. Avocat de Latifa Ibn Ziaten, mère de l'un des militaires tués par le terroriste en 2011, Méhana Mouhou était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour réagir à cette décision de justice.

Interrogé sur la possibilité de faire appel de ce verdict, l’avocat a d’emblée renvoyé la balle à l’avocate générale. "Le pouvoir de faire appel appartient à l’avocate générale, qui a fait ces réquisitions. Elle seule peut faire appel, et évidemment la défense. Mais pas les parties civiles, la loi ne nous en donnant pas la possibilité. Elle a dix jours pour faire appel, nous allons attendre la décision du parquet. (…) Je suis allé la voir juste après pour lui demander, elle m’a dit que je le saurai en temps voulu. Elle a été, pendant 3h30 de réquisitoire, implacable et d’une rigueur exemplaire sur la détermination de la preuve de la complicité", assure-t-il.

"C’est dur pour les familles, elles sont brisées"

D’une manière générale, Me Mouhou déplore un goût d’inachevé dans ce procès. "La cour d’assises n’a pas réussi à faire le lien entre tous les éléments matériels éparpillés pour déterminer la preuve directe de l’assistance d’Abdelkader Merah aux crimes de son frère. (…) Ce qui a pesé, c’est surtout les 117 tomes du dossier où il y a des éléments sur la détermination de la complicité. La cour a retenu l’association de malfaiteurs criminels, mais elle pouvait reprendre des éléments de ce chef d’accusation pour asseoir une complicité d’assassinat. C’est dur pour les familles des victimes. Je les ai vus en pleurs, le souffle était coupé avant le verdict. Elles sont vraiment brisées. C’est une défaite pour la défense, évidemment, puisqu’elle plaidait l’acquittement. Vingt ans, c’est une peine, mais peut-on parler de victoire ?", regrette-t-il.

Surtout, il souligne la dangerosité d’Abdelkader Merah, qui vient d’échapper à une condamnation à perpétuité. "Il était tranquille, pépère, dans son box. Le président l’interroge et il répond qu’il veut un État islamique en France avec l’application de la charia. Il a même dit qu’il n’avait pas de comptes à rendre aux victimes car il ne connaît pas la République. C’est un personnage odieux, et il y en a beaucoup en France ! Latifa Ibn Ziaten a dit qu’il était dangereux, mais il est plus que ça ! C’est du jamais vu ! Elle nous dit que la justice est naïve. Lorsque Mohamed Merah est arrivé devant Imad Ibn Ziaten, il lui a demandé de se coucher. Il a sorti son arme, et Imad a refusé. Il est mort debout, et on se demande aujourd’hui qui est couché. Latifa Ibn Ziaten a l’impression que la justice s’est couchée. Son fils est mort debout pour que, justement, la France ne mette jamais un genou à terre. C’est elle qui est condamnée à une perpétuité de souffrance", clame-t-il.

"Je pense qu’il y a un gros problème en France. Soit le salafisme est interdit, soit il est autorisé. Il y a du racisme et de l’homophobie dans le salafisme, qui est contraire à la République. Je ne sais pas si c’est une victoire ou un permis de tuer pour les islamistes, mais ce n’est pas un signal fort que la justice a envoyé à la République française", ajoute-t-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Mehana Mouhou dans le Grand Matin Sud Radio

 

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