C'est l'exercice le plus compliqué qui soit lorsque l'on fait du journalisme politique : prévoir une décision de François Bayrou. On va procéder par élimination. Étant donné ses propos à l'encontre de François Fillon, il est peu probable qu'il le soutienne. Depuis le début de l'affaire, il tire à boulets rouges sur le candidat de la droite tout en jugeant son projet dangereux. Il lui a demandé de se retirer plusieurs fois. Il est très sévère avec ce qu'il appelle ses « liens avec les puissances financières ». Un argument qu'il réservait jusqu'à présent à Emmanuel Macron, mais il en a profité pour adoucir ses propos à l'égard du candidat d'En marche. D'ailleurs, du côté de En marche, on dit que les valeurs de François Bayrou se retrouve dans le projet d'Emmanuel Macron.
Néanmoins,Si l'on regarde les rapports de force, l'espace est occupé par Emmanuel Macron. Dans le sondage d'hier, il est à 19 %, alors que François Bayrou atteint 5,5 %. Et si l'on prête attention au premier cercle de François Bayrou, il n'est pas question d'y aller, mieux vaut négocier un groupe parlementaire et rentrer dans un gouvernement. Mais, lorsque l'on écoute François Bayrou et ce qu'il dit aux élus Palois depuis plusieurs jours : « Le moment politique, la crise majeure, les trente ans de convictions politiques et d'engagement, pour se laisser absorber par Macron ?! Pas question ! Je ne peux faire autrement que d'y aller. » Ces confidences du maire de Pau, que l'on dit de plus en plus absent dans sa propre ville, sont-elles fiables ? De fait, François Bayrou aime le risque, il sait qu'il peut être visé par ce "bon débarras ", qui a balayé une partie de sa génération. Mais ceux qui le connaissent bien répètent souvent : « Quand toutes les raisons plaident pour ne pas y aller, c'est exactement ce qui fait que François Bayrou peut se décider. »