Si beaucoup de monnaies locales émergent ici et là, le Sardex en est un exemple particulièrement intéressant. C'est une monnaie complémentaire d'échanges entre entreprises lancée en 2010, pour aider l'économie locale face à la crise des sub-primes et la faillite des banques. Donc, en Sardaigne, comme ailleurs, les banques ne prêtent qu'aux riches, cinq jeunes gens de l'île ont alors décidé de créer cette nouvelle monnaie. Elle est indépendante, on ne peut pas l'acheter avec des euros, mais elle fonctionne sur un schéma très simple basé sur la confiance.
Pour entrer dans le réseau Sardex, vous devez payer quelques centaines d'euros par an, selon la taille de votre entreprise. Quand vous payez quelque chose à une autre entreprise de ce réseau, votre compte peut se retrouver à découvert, mais vous ne paierez pas d'intérêts. La seule obligation est de sortir du rouge en vendant à son tour quelque chose en Sardex à n'importe quelle entreprise du réseau, le tout dans un délai raisonnable. Ces entreprises peuvent alors téléphoner à un des seize courtiers de Sardex, qui connaissent très bien les 3 500 membres du réseau et l'aideront à trouver son bonheur.
Depuis sa création en 2010, le marché Sardex a triplé tous les ans, pour atteindre en 2016 un volume transactionnelle de 70 millions d'euros. L'entreprise fait aujourd'hui travailler 50 salariés et apporte à la Sardaigne 0,3 points de PIB. De fait, ce réseau a fait une dizaine de petits dans des endroits comme la Lombardie, la Sicile ou la Vénétie. Les fondateurs de Sardex ne veulent pas s'arrêter là, la prochaine étape, c'est l'internationale. Ils ont des contacts avec la Grèce, l'Équateur, le Kenya et des économistes du monde entier viennent les voir. Ils ont reçu une mission interministérielle française, ainsi que des memebres de la banque Européenne d'investissement. Dans L'OBS, le directeur financier de Sardex, Cesare Ravaglia, disait : « Nous allons résoudre les problèmes liés à la distribution de crédits dans le monde entier. »