single.php

Paradise Papers : la preuve de l'absence de volonté de l'UE de lutter contre les paradis fiscaux

Les Paradise Papers montrent que les multinationales ont élevé l'optimisation fiscale au rang de sport olympique. Et que l'Union européenne maintient une législation totalement laxiste pour attirer les grands groupes.

 

Derrière les quelques noms des Paradise Papers qui permettent de frapper l’opinion, Bono, Madonna, la Reine d’Angleterre, on trouve surtout des multinationales qui ont élevé l’optimisation fiscale au rang de sport olympique. Rien que pour ces multinationales, c’est une perte de 80 milliards par an pour l’Union Européenne, 11 milliards pour la France. Et le plus fabuleux, c’est qu’il se trouve des analystes pour nous expliquer que ce n’est pas de la fraude, c’est de l’optimisation, et qu’il ne faut pas confondre droit et morale. Tout ceci est parfaitement légal, donc rien à dire.

D’abord, ces multinationales ont une armée d’avocats fiscalistes dont le seul but est de déceler la moindre faille dans la loi de chaque pays, et donc d’en contourner l’esprit. On est bien à la limite du légal. Par exemple, quand Nike met en place un montage qui utilise la mansuétude du droit néerlandais pour facturer à ses filiales le droit d’utiliser le célèbre logo, on est dans la manipulation pure et simple. Moralité : 2% d’impôts, contre 25% normalement. Mais justement, ça nous raconte aussi que les multinationales, dont le pouvoir de nuisance déséquilibre aujourd’hui l’économie mondiale au point de fausser les statistiques sur les balances de paiement ou la productivité puisqu’elles ne déclarent pas les richesses dans le pays où elle sont créées, ne sont pas les seuls dans ce jeu. Les Pays-Bas, jusqu’à preuve du contraire, font partie de l’Union Européenne. Et le montage de Nike n’est possible que parce qu’au cœur de l’Union, un pays maintient une législation totalement laxiste pour attirer les grands groupes, au détriment des voisins.

Pierre Moscovici, commissaire européen chargé de l’Economie a réaffirmé la volonté de la commission de venir à bout des paradis fiscaux. On attend avec impatience !

En fait, voilà dix ans qu’on entend de grandes proclamations. Et depuis deux ans, l’UE planche sur un projet de liste des paradis fiscaux. Rien que ça, c’est déjà la croix et la bannière, parce qu’on en a exclu d’office les pays de l’Union. Donc, le Luxembourg, Malte, l’Irlande, les états baltes, les Pays Bas, ce ne sont pas des paradis fiscaux. Pas plus que les îles anglo-normandes ou l’île de Man, il ne faut pas vexer le voisin britannique. Nike et Facebook peuvent dormir tranquilles. Mais tant que les politiques n’entameront pas un bras de fer contre les pays qui détournent l’idéal européen pour leur profit, rien ne se fera.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

L'info en continu
04H
00H
23H
21H
20H
19H
18H
17H
16H
15H
Revenir
au direct

À Suivre
/