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Les privatisations, la fausse bonne idée récurrente des politiques

Alors que Gérald Darmanin a confié sur Sud Radio cette semaine réfléchir à une ouverture du capital de la Française des Jeux, les privatisations reviennent sur le devant de la scène, pour le meilleur et pour le pire.

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C’est un vieux serpent de mer. L’État a une fâcheuse tendance à se débarrasser de ses acquis, pour des raisons purement financières, et non pas de bonne gestion. On privatise soi-disant pour se désendetter et améliorer la situation financière de l’État. C’est oublier que la richesse nette de l’État dépend à la fois des actifs et des passifs. Si vous diminuez en même temps le passif et l’actif, vous ne changez rien à la richesse de l’État. La vraie question est de savoir si vous vendez plus cher ou moins cher que ce que ça vaut, c’est-à-dire ce que ça va rapporter dans les décennies à venir. Si vous vendez au juste prix, vous ne gagnez rien. Si vous vendez plus cher, vous gagnez quelque chose. Cela suppose qu’il y ait en face un opérateur privé prêt à payer plus cher que le prix, soit parce qu’il est aveugle – c’est plutôt rare – soit parce qu’il pense qu’il va en tirer beaucoup plus que ce que l’État prévoit. Si vous vendez moins cher, c’est une perte nette et un appauvrissement de l’État. Et souvent, on vend moins cher parce qu’on a envie de vendre, parce qu’il faut que ce soit une réussite et que donc il faut vendre moins cher pour attirer les acheteurs…

L’autre argument, c’est de dire que ce sera mieux géré. Un argument qu’on connaît bien. Il suffit de regarder l’Histoire. Les actionnaires privés sont-ils toujours meilleurs ? La réponse est non. Sinon, nous n’aurions pas eu la crise de 2008. Ce ne sont pas les banques publiques ou nationalisées qui ont mis en l’air le système financier mondial. Au début de l’année, au Royaume-Uni, une très grande entreprise de BTP, Carillion, a fait faillite. Carillion, c’était le deuxième entrepreneur de BTP et l’un des prestataires de service public les plus importants du Royaume-Uni ! Imaginez un peu : il faisait des partenariats publics-privés, il construisait et gérait des bâtiments, il faisait la maintenance de prisons et de casernes, il servait les repas de 22 000 cantines scolaires par jour... Bref, un énorme acteur de ce partenariat public-privé que tout le monde vante tant. Mieux vaut donc faire gérer les organismes publics par des organismes qui ne peuvent pas faire faillite. Et puis les organismes privés, il faut les rémunérer ! Et pour payer l’actionnaire, il faut le payer au-delà de ce qu’il pourrait gagner en plaçant son argent sur les marchés. C’est de toutes façons plus cher pour le contribuable !

Et puis il y a l’exemple des autoroutes : quand ils n’ont pas assez, ils augmentent les tarifs ! Le résultat, c’est que je ne pense pas que les automobilistes s’y retrouvent beaucoup aujourd’hui. Enfin, il y a l’histoire des monopoles. C’est toujours difficile de réglementer des monopoles, il vaut mieux qu’ils soient publics. Et puis ce cas de la Française des Jeux, qui est une question morale ! Privatiser les jeux, c’est prendre un risque moral considérable.

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