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Le système d'aides au logement est-il aussi "pervers" que le prétend Jacques Mézard ?

Le système d'aides au logement français est-il aussi "pervers" que le prétend le ministre Jacques Mézard ?

Le système d'aides au logement est-il aussi "pervers" que le prétend Jacques Mézard ?

Les aides au logement seraient donc un système pervers, d’après le ministre de la cohésion des territoires Jacques Mezard, qui annonce une réforme du système à la rentrée. En pleine polémique sur la réduction de 5 euros du montant des APL, cela ressemble à un contre-feu. Alors, pervers ce système d’aides au logement ?

Les aides au logement sont-ils responsables de la montée des prix des loyers ?

En tout cas, avant d’être pervers, l’aide au logement à la Française, qui n’existe pas avec une telle ampleur chez nos voisins, est coûteuse, très coûteuse. Tous les ans, ce sont quelque 30 milliards d’euros qui sont consacrés à ce poste, dont 19 milliards pour les seules aides personnalisées au logement qui sont versées à plus de 6 millions de foyers français. Rapporté par exemple au déficit de l’Etat, c’est presque la moitié. Cela représente également l’équivalent du budget du ministère de la Défense par exemple. 

Pourquoi Jacques Mezard le qualifie de pervers ? Parce que selon lui, les aides au logement sont responsables de la flambée des prix des loyers. Ainsi, il affirme qu’un euro d’APL fait grimper le loyer de 78 centimes, donc 100 euros d’APL augmenteraient le loyer de 78 euros. 

On aimerait bien le croire, mais quand on voit qui sont les bénéficiaires des APL, on a des doutes. La majorité des aides aux logements sont en effet versées à des personnes à faibles revenus et parfois même sans revenus du tout. Des bénéficiaires vivant des diverses allocations auxquelles elles ont droit. Or, quels types de logements ces personnes peuvent-elles s’offrir ? Par la force des choses, des studios, des petits appartements et parfois des petites maisons, dont les loyers sont à leur portée, loin des centres villes, dans de lointaines banlieues.

Mais  comme ces biens immobiliers doivent respecter des règles de plus en plus sévères en matière de surface, de confort, et depuis 2015, de normes de consommation d’énergie pour pouvoir permettre le versement des aides, les propriétaires ne peuvent pas non plus faire n’importe quoi. Ils sont en théorie censés devoir investir dans le bien qu’ils louent pour l’entretenir, et c’est là que la perversité dénoncée par Jacques Mezard est à double tranchant. Par exemple, quand vous touchez 300 euros de loyer pour un F2 dans une ville de province et qu’il vous faut changer les fenêtres ou la chaudière pour pouvoir continuer à louer le bien, s’entendre dire que les APL engraissent les propriétaires doit en révolter plus d’un. 

Bien sur, il s’agit là de la théorie. On voit régulièrement des reportages télévisés, des témoignages, et parfois on connaît même quelqu'un dont le logement est un véritable taudis, inchauffable et en mauvais état. Mais ce sont là des exceptions, des cas isolés. L’immense majorité des logements conventionnés - qui permettent aux locataires de toucher des aides, ou mieux, au propriétaire de les toucher directement - respectent peu ou prou ces règles de salubrité et de confort. D'autre part, ces propriétaires, contrairement aux idées reçues, ne roulent pas sur l’or, pour la plupart, avec les loyers qu’ils touchent. Les chiffres sont là pour le prouver : aujourd’hui, le rendement d’un bien immobilier que l’on loue équivaut à peu de choses près au rendement de l’argent placé à la banque, sur un produit d’épargne, avec les soucis du propriétaire en plus.

Alors comment réformer ? On ne sait pas réellement ce que Jacques Mézard a en tête. En revanche, on sait ce que les acteurs du secteur recommandent. Ainsi, selon l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, le problème vient de la non revalorisation des aides face à l’augmentation des loyers ! Ce qui contredit totalement le discours du ministre. En effet, les loyers ont beaucoup plus augmenté ces dernières années que les aides, ce qui prouve bien que ces dernières ne sont en rien responsables de l’inflation des loyers. Par contre, ce qui est sûr, c'est que la pénurie de logements dans les grandes villes fait grimper les loyers...

La gestion du problème des aides au logement a mal démarré, notamment en tentant de se défausser sur l’ancien gouvernement, qui, il est vrai, avait planifié la baisse des aides sans la mettre en oeuvre. Espérons qu’à la rentrée, Jacques Mezard trouvera comment déminer le débat afin d'entamer sereinement cette réforme nécessaire, mais ô combien délicate. 

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