En effet, le glyphosate est difficile à remplacer au pied levé. Même l’Inra (Institut National de la Recherche Agronomique) a alerté le gouvernement là-dessus. Chassons d’abord une idée reçue : non, le glyphosate n’est pas projeté sur les cultures par les agriculteurs ! Ça, c’est ce qui se pratique dans les pays ayant autorisé les céréales OGM, qui résistent au glyphosate. En France, les agriculteurs utilisent ce pesticide en septembre, deux mois minimum avant de semer le blé, juste avant l’hiver. Ils utilisent l’équivalent de trois cuillères à soupe du produit par hectare (un peu plus grand qu’un terrain de football) ? C’est très peu, et en deux mois le glyphosate, qui est bio-dégradable à 99%, disparaît après avoir fait son travail.
Que se passerait-il alors si le glyphosate était interdit demain sans être remplacé ? Eh bien en quelques mois, les champs de blé et de maïs seraient colonisés par des mauvaises herbes. C’est d’ailleurs ce qui arrive régulièrement aux agriculteurs bio, qui sont parfois contraints de sacrifier leur récolte car il est impossible de trier les graines de blé quand elles sont mélangées avec d’autres plantes à graines. On en parle même dans la Bible ("séparer le bon grain de l’ivraie"), ce n’est donc pas nouveau !
Sans glyphosate pour lutter contre les mauvaises herbes, il faudrait labourer trois fois plus souvent au moins, ce qui n’est pas sans impact sur le plan écologique, car labourer pollue énormément. Les agriculteurs ne sont dont pas contre l’interdiction du glyphosate par principe, mais ils espèrent que la recherche – française, notamment – lui trouvera rapidement un remplaçant moins décrié, et tout aussi efficace.