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Impôt à la source : les artisans du bâtiment tirent la sonnette d'alarme

Par Benjamin Jeanjean

Reportage Sud Radio. Quelques mois avant l’application effective du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, les chefs d’entreprise du secteur du bâtiment ne digèrent toujours pas cette surcharge de travail qui leur est imposée.

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Le compte à rebours est maintenant enclenché pour le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, avec une mise en œuvre effective dans six mois maintenant. Une réforme majeure qui n’enchante pas particulièrement les artisans du secteur du bâtiment. Alors que les patrons de petites entreprises s’estiment lésés et ne se sentent pas du tout prêts pour 36% d’entre eux (selon un sondage Ifop pour la banque UFF), la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment a même annoncé refuser de collecter cet impôt.

Pour Daniel, plombier-chauffagiste, le coût de cette réforme est trop élevé. "Il s’agit de 125 euros par salarié et par an. Mon comptable m’a déjà dit que pour lui, c’est du travail en plus, avec des paramétrages à faire, un logiciel à mettre à jour, et tout un travail de vérification !", assure-t-il au micro de Sud Radio. Dirigeant d’une petite entreprise de plaquistes à Encausse-les-Thermes (Haute-Garonne), David se sent débordé face à l’ampleur d’une tâche qui ne devrait pas lui revenir, selon lui.

"En plus, je vais le faire gratuitement !"

"Ce n’est pas à moi de faire ça ! Attendez, moi je suis plaquiste, je fais des plafonds, des cloisons, des doublages ! Les gens ne sont pas contents et s’en prennent à l’administration fiscale. Dans quelques années, ils s’en prendront au patron parce qu’il sera identifié comme le fiscaliste qui fait payer les impôts ! Ce n’est pas normal...", s’indigne-t-il avant d’en rajouter une couche. "J’ai déjà des logiciels de paye et pas mal d’outils dans l’entreprise. Il va falloir que je fasse évoluer tous ces outils, que je fasse ce travail, et si je ne le fais pas bien je me ferai taper sur les doigts. Je vais me retrouver face aux problèmes qu’avait l’administration jusqu’à maintenant. Elle était critiquée à cause des prélèvements, des impôts, et maintenant c’est moi qui vais devenir l’administration ! Et en plus, je vais le faire gratuitement ! Ça, c’est un peu difficile...", ajoute-t-il.

Un son de cloche qu’on retrouve également chez Thierry, qui dirige une petite entreprise de chauffage et de plomberie dans les Yvelines. "Ils vont ouvrir leur enveloppe, ils vont regarder, et c’est nous qu’ils vont venir voir en disant "Comment ça se fait que mon collègue qui gagne comme moi soit moins prélevé que moi ?". Il va falloir qu’on fasse de l’éducatif, c’est une semaine de travail par an. C’est quand même conséquent de se dire qu’on passe une semaine juste pour prélever l’impôt, ce qui n’est pas notre travail. Notre travail, c’est d’être sur les chantiers et d’être auprès de nos clients, pas de faire le travail de l’État", clame-t-il.

Autre problème d’après lui : l’intrusion dans la vie privée des employés, puisque le chef d’entreprise pourra désormais avoir accès à certaines données personnelles. "On rentre un petit peu dans la vie du salarié puisqu’on va devoir lui demander son taux d’imposition. Ça peut provoquer des problèmes : "tu gagnes bien ta vie, tu n’as pas besoin d’augmentation...". Il y a un côté relationnel qui peut être gênant entre le salarié et le chef d’entreprise", pointe-t-il.

Un reportage de Martin Juret

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