Les tarifs réglementés du gaz vont bientôt disparaître. Et ceux de l’électricité pourrait bien suivre le même chemin. Cette décision n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les consommateurs. Avec la fin des tarifs réglementés, il pourrait y avoir une guerre des prix, comme il y en a eu dans les télécoms autour de l’accès à Internet ou des forfaits de téléphonie mobile, dont les tarifs se sont effondrés ces dernières années.
Le Conseil d’État a estimé que les tarifs réglementés pratiqués par Engie et EDF n’avaient plus lieu d’être. Ces tarifs - auxquels près de 28 millions de clients d’EDF sont soumis, et plus de 5 millions pour les abonnés au gaz - permettent de payer en théorie ces énergies au meilleur prix. Seulement, les tarifs réglementés impliquent une intervention de l’État, garant du calcul de ces tarifs en se servant de règles complexes et garant de leur application. Or, le Conseil d’État estime que l’intervention de l’État n’a plus lieu d’être dans un marché ouvert à la concurrence où vous pouvez vous abonner chez un autre fournisseur d’électricité que EDF. 15 % des Français ont déjà sauté le pas, et pour le gaz, près d’un consommateur sur trois a pris un abonnement chez un des opérateurs privés, concurrents de l’ancien monopole d’État GDF, devenu Engie.
Avec cette décision, les tarifs réglementés devraient donc disparaître à plus ou moins court terme. Les experts du secteur estiment qu’une période de transition d’un à deux ans va être accordée à EDF et Engie pour qu’ils proposent à leurs clients de basculer sur des offres tarifaires libres, où les prix pourront donc obéir à la loi du marché, et en particulier, à la loi de la concurrence. Et il y risque d’y avoir du sport avec les petits fournisseurs d’énergie alternatifs, notamment chez nos voisins européens. Ils pourraient se montrer très agressifs pour conquérir les 28 millions de consommateurs d’électricité et les 5,5 millions du gaz. On imagine déjà des formules tarifaires où l’abonnement fondrait comme neige au soleil. Une aubaine pour ceux qui ont une résidence secondaire et payent parfois plus d’abonnement que d’énergie. D’autres offres couplées gaz-électricité pourraient également voir le jour, tandis que des opérations promotionnelles avec des prix cassés pendant 12 ou 24 mois, exactement comme dans les télécoms, seront mises en place.
Reste que pour EDF et Engie, cette décision est un énorme coup dur. Ces deux géants ont des frais fixes très élevés à financer. À titre d’exemple, EDF, et indirectement ses clients, va devoir supporter le coût du démantèlement des centrales nucléaires. Mais si les clients filent vers la concurrence, le destin de l’entreprise est en jeu. Il va donc falloir redoubler d’imagination pour retenir coûte que coûte les clients. Pour les consommateurs, il ne reste plus qu’à attendre et comparer les propositions qui vont être faites. Une chose est certaine : dans un premier temps, le consommateur sera gagnant.