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Éleveurs : "En deux minutes, vous comprenez qu'il faudra mettre la clé sous la porte"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que de nombreux agriculteurs se mobilisent contre la nouvelle carte des zones défavorisées, une autre aide est en train de disparaître pour les éleveurs : les zones pastorales.

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Des éleveurs de plus en plus montrés du doigt...

À quelques jours de l’ouverture très attendue du Salon de l’Agriculture, les agriculteurs sont toujours aussi remontés contre le gouvernement et la nouvelle carte des zones défavorisées. Mais alors qu’Emmanuel Macron reçoit ce jeudi à l’Élysée plus de 800 jeunes agriculteurs de moins de 35 ans, la Confédération paysanne s’inquiète de la disparition cette année d’un autre dispositif d’aide : les zones pastorales. Une aide au berger et à la bergère qui était capitale pour Vincent, éleveur de 40 ans installé en Corrèze depuis un an. 

Gérant une exploitation de 90 hectares, il déplore aujourd’hui que ses zones de bruyères consommées par ses 350 brebis ne seront bientôt plus subventionnées. "Ma surface agricole est amputée d’un tiers. Du jour au lendemain, ces 30 hectares ne seront plus une zone agricole. Toutes les aides qu’on pouvait avoir sur ces zones disparaissent avec. Ça représente environ 9000 euros, c’est ce que j’ai eu comme revenu cette année...", déclare-t-il au micro de Sud Radio.

Éleveuse de 300 brebis limousines en Haute-Corrèze, Lise Roland possède 110 hectares, dont 30 hectares de prairies fauchables pour faire du foin, et le reste en landes de bruyère ou autres. Ces landes ne seront bientôt plus en zones agricoles... "C'est 30% de ma surface et un tiers de mes revenus agricoles annuels. Je viens juste de m’en rendre compte lors d’un contrôle de mes surfaces agricoles. La conséquence, c’est l’arrêt intégral de mon activité. J’ai pris le parti de m’installer sur le plateau de Millevaches parce que j’avais envie de garder mes brebis sur ces surfaces-là, aujourd’hui l’État ne suit pas les engagements qu'il m’avait promis", regrette-t-elle. 

"Sur le moment, tout s’effondre"

Ce changement, beaucoup l’ont apprit lors d’un contrôle des services européens. C’est le cas de Denis Campmas, installé avec sa femme depuis plus de dix ans en Corrèze. "Sur le moment, tout s’effondre. Vous avez toujours essayé d’être dans les clous, et en deux ou trois minutes vous comprenez qu’il va falloir mettre la clé sous la porte, vendre les troupeaux, ne pas pouvoir construire de maison… Tout s’effondre. En chiffre d’affaires, ça représente entre 10 et 15 000 euros, soit la totalité des revenus que nous tirons, ma femme et moi", raconte-t-il.

Une situation qui n’étonne pas Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne. "Une nouvelle fois, c’est la non-prise en compte de la ruralité. Nous avons besoin aujourd’hui d’avoir un ministre de l’Agriculture qui soit en prise avec la réalité. On va au chevet des céréaliers, de l’agriculture industrielle et productiviste, mais l’agriculture qui aménage les territoires et les fait vivre, on s’en fout !", s’emporte-t-il.

Un reportage de Fany Boucaud

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