C'est sur le célèbre domaine du château d'Ô, une folie montpelliéraine construite au milieu du XVIIIe siècle et connue pour ses salles de spectacle, que se déroulera, du 30 mai au 1er juillet, le Printemps des comédiens. Avec des artistes comme Isabelle Huppert, Romeo Castellucci et Christop Marthaler, l'événement consolide sa position en tant qu'élément culturel majeur du sud de la France.
Les visiteurs pourront être les premiers en France à voir Sentiments connus, visages mêlés, une pièce dans laquelle Christoph Marthaler convoque vingt-cinq ans de théâtre et les spectres de grands compositeurs, comme Mozart, Verdi et Haendel, dans un spectacle entièrement en allemand. Dans l'exclusif, on peut aussi compter sur la pièce De la démocratie en Amérique, de Romeo Castellucci, qui, si elle reprend peu l'oeuvre de Tocqueville, propose des réflexions fondamentales sur le sens à donner au mot démocratie. On se "risque" à supposer qu'il y aura, au hasard, une critique plus ou moins évidente de Donald Trump.
Jeux du cirque, théâtre et pélardon tandoori
Les jeux du cirque ne sont pas en reste, même s'ils se démarquent quelque peu de la prestation de Christine Angot face à François Fillon lors de l'émission de David Pujadas, avec des spectacles comme Bêtes de foire, qui veut « créer du rêve avec trois fois rien et quatre bouts de ficelle », et La dévorée, de la compagnie Rasposo, qui propose des créations mêlant littérature, cinéma, musique, peinture et acrobaties.
Les amateurs de Faust pourront aussi profiter de l'anti-Faust avec la pièce Angelus Novus Anti Faust. La représentation posant la question de la valeur du savoir dans une société ou toute connaissance est une marchandise. Cette anti-Faust pioche sans retenue dans notre actualité et invoque sur scène un marquis de Zad, un orateur de gauche, des manifestants de Nuit Debout et une mère infanticide… Toutes ces choses, qui lorsque l'on en est témoin, pose la question de la relativité de la civilisation.
Après cette débauche d'engagements nécessaires, les spectateurs pourront reposer leurs oreilles en écoutant Isabelle Huppert lire la prose du marquis de Sade. Pour être plus exact, il s'agit d'un recueil de textes réunis par le philosophe Raphaël Enthoven dans Justine ou les malheurs de la vertu et Juliette ou les prospérités du vice. Enfin, après tant d'émois citoyens, les visiteurs pourront se régaler d'un pélardon tandoori ou d'un bon bortsch à la châtaigne au Rest'o. De quoi finir la journée en accord avec l'événement.