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Jean d’Ormesson hier, Johnny aujourd’hui : la fin de l’histoire d’une France aux deux visages

L’émoi suscité par la nouvelle de la mort de Johnny Hallyday survenue la nuit dernière nous rappelle son plus grand succès : celui de faire partie de notre histoire commune.

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Un étrange sentiment pour un homme de ma génération. Johnny est mort, à 3h du matin. Il est mort dans la nuit, mais qui peut le croire ? Il ne pouvait pas mourir. Pas seulement parce qu’il avait l’air indestructible, pas seulement parce que sur scène il avait une énergie sans pareil, à 70 ans comme à 16 ans. Il ne pouvait pas mourir parce qu’il faisait partie de notre vie, et que notre vie ne peut pas finir car tant que nous sommes vivants, nous sommes incapables d’en imaginer la fin. Il ne pouvait pas mourir parce qu’il était notre jeunesse, celle des Trente Glorieuses, celle qui voulait changer le monde, la société, la vie. Ce n’était pas un révolutionnaire de barricades, ce n’était pas un révolutionnaire de pavés jetés sur les CRS-SS. C’était un révolutionnaire de la musique, de la chanson.

Hier, Jean d’Ormesson est mort, aujourd’hui Johnny. Ironie de l’histoire. Plutôt, fin d’une histoire. Celle d’une France qui avait deux visages, deux cultures, deux identités, mais qui avait la même langue qui, au fond, nous racontait la même chose. Car contrairement aux mots de beaucoup de chanteurs d’aujourd’hui, les mots de Johnny avaient du sens. Étrange sentiment parce qu’aujourd’hui les chanteurs souvent opposent, divisent, agressent, provoquent. Lui, il réunissait, il rassemblait, il était devenu une sorte d’icône d’une France qui petit à petit s’efface mais reste vivante dans le cœur de tous les Français. C’est peut-être son plus grand succès. Même la jeunesse d’aujourd’hui, de ce monde bouleversé et si différent de celui de sa jeunesse se reconnaissait dans ce qu’il était. Il fait partie de notre imaginaire collectif, et à jamais sans doute de notre histoire commune.

Réécoutez en podcast l'édito du jour d'Henri Guaino

 

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