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Valeria Rodriguez (Max Havelaar) : "Les Français sont très sensibles au commerce équitable"

Par Mathieu D'Hondt

Comme chaque année depuis maintenant 17 ans, la "Quinzaine du commerce équitable" est organisée partout en France, afin de promouvoir les produits issus de ce commerce. Le coup d'envoi de cette opération aura lieu dès demain samedi et l'événement durera jusqu'au 28 mai 2017. À cette occasion, Valeria Rodriguez (chargée de communication chez Max Havelaar) était l'invitée de Dimitri Pavlenko dans le Grand matin Sud Radio.

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Ce samedi marque le coup d’envoi de la "Quinzaine du commerce équitable", dont le but est d'assurer la promotion de ce commerce si particulier, auquel beaucoup de Français sont sensibles. Pour nous en parler, Valeria Rodriguez (chargée de communication chez Max Havelaar, célèbre label de commerce équitable) qui nous a fait l'amitié d'accepter notre invitation.

Bonjour Valeria Rodriguez. C'est demain que commence la 17e quinzaine du commerce équitable. Vous avez fait un sondage pour demander aux Français quel était leur rapport avec le CE, qu’est-ce qui ressort de cette enquête ?

Oui effectivement, on a fait un sondage avec Opinionway sur un échantillon représentatif de la population française et ce qui ressort, c’est qu’aujourd’hui les Français sont très sensibles aux valeurs du commerce équitable. On voit par exemple que 77 % d'entre eux disent vouloir s’assurer que les aliments qu’ils consomment ne sont pas produits sous des conditions d’exploitations. Ils sont donc sensibles aux hommes et à la planète. Ils nous disent également, à 79 %, que consommer équitable est un acte citoyen. Mais en même temps, ils nous disent, à 35 %, que quand ils sont devant les rayons pour faire leur course, ils ne pensent pas forcément à celui qui a produit ces aliments.

C’est vraiment l'image du "client schizophrène", celui qui a de belles intentions mais qui, en réalité, se dégonfle un peu devant le produit. On donne d’ailleurs un chiffre assez parlant pour le chocolat. Les Français en mangent 7 kg par an dont seulement 22 grammes issus du commerce équitable. Tout est dit quelque part.

Exactement ! Mais ce n’est pas perdu, car il y a 15 ou 20 ans on ne se posait aucune question sur les produits que l’on consommait, alors que maintenant les consommateurs s’en posent beaucoup plus. On voit que le commerce équitable grandit énormément. Par exemple, on est sur une croissance de 20 % entre 2015 et 2016, c’est très important. Les Français consomment de plus en plus mais pas assez. Près de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et les 3/4 sont des agriculteurs dans les pays en développement. Donc les petits producteurs de café, de chocolat qui peuvent nous paraître lointains, finalement ils ne le sont pas.

Il y a des "produits stars" du commerce équitable, on a parlé du chocolat et du café par exemple. Òu va-t-on les retrouver dans la consommation de tous les jours, parce que c’est ça aussi l’enjeu ?

Oui bien évidemment. On consomme par exemple la banane, la banane équitable est maintenant très présente dans les supermarchés. On a des fleurs mais aussi des produits composés comme des glaces, des gâteaux, des cookies ou des céréales de petit déjeuner. On peut donc avoir beaucoup de produits équitables et maintenant il existe aussi du commerce équitable local "made in France".

Certains disent que le commerce équitable est souvent cher, voire deux fois plus cher que des produits de base. D'autre part, pourquoi les grands industriels ne font-ils pas de commerce équitable ?

C’est justement ce que l’on veut dire aujourd’hui car quand on dit qu’il n’y a pas assez de commerce équitable, ce n'est pas seulement par rapport aux consommateurs, on parle aussi des entreprises et distributeurs. Il faut qu’il y ait beaucoup plus d’entreprises et de marques qui s’engagent à avoir des produits équitables et que les distributeurs mettent en avant une offre plus large de produits, pour que ce soit accessible à tous.

N'y a-t-il pas une contradiction du commerce équitable avec le bio et "le produire local" ? Car aider des producteurs de café africain, ça veut aussi dire que ce café parcourt des milliers de kilomètres.

Bien évidemment, mais bon le cacao ne poussera jamais en France donc on en a de toute façon besoin. À moins de se passer de son petit café du matin, il vaut mieux qu’il soit équitable parce qu’il est meilleur pour le producteur, pour la planète et donc pour nous tous.

Vous parliez du commerce équitable local, qu’est-ce que c’est ? Peut-on trouver du commerce équitable à côté de chez soi ?

En effet, depuis la loi Hamon de 2014, la définition de commerce équitable a été élargie aux produits français. Il commence donc à y avoir des démarches de commerce équitable local, des filières courtes par exemple. Surtout, les bases du commerce équitable sont un prix minimum garanti qui est rémunérateur pour le producteur, ainsi qu'une prime de développement qui lui permet d’investir, soit dans son exploitation, soit dans un projet local. C’est ça la base, c'est de permettre au producteur de vivre de son travail.

Pour retrouver l'intégralité de l'interview en podcast, cliquez ici.

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