Depuis son installation à l’Élysée, Emmanuel Macron a nommé Édouard Philippe Premier ministre, constitué son Gouvernement, s’est déplacé en Allemagne et au Mali. Une semaine bien remplie.
Il y a vraiment un style Macron. D’abord sur la forme. Le Premier ministre l’a dit : ‘Pas de bavardage dans les rangs’. Ça va beaucoup changer du style Hollande, des petits-déjeuners, des off multiples, des réceptions de journalistes. Faire que la parole soit rare pour retrouver de la dignité et de la distance.
Sur la gestuelle, Emmanuel Macron est très solennel, ce qui est une vraie rupture avec François Hollande, mais aussi avec Nicolas Sarkozy, qui avait presque fait de la gesticulation une manière de communiquer.
Et il y a le fond. Un certain nombre de décisions prises montrent déjà la volonté de prise de distance et de centralisation du pouvoir. Il a lui-même nommé tous les directeurs de cabinet des ministres. Le Premier ministre a même dû se battre pour choisir son directeur de cabinet. On voit bien qu’il veut rompre avec les pouvoirs secondaires. Il y a une volonté de couper ses ministres des représentations locales. À travers les ordonnances, on voit bien aussi la volonté de court-circuiter les pouvoirs intermédiaires, les syndicats. Et il y a eu ce débat sur sa volonté de contrôler la presse en choisissant lui-même ses interlocuteurs pendant les déplacements. Il y a eu des démentis, mais si c’est vraiment le cas, ça pose un problème de liberté.
Il y a une forme de tutorat. Emmanuel Macron a certainement relu Tocqueville. On voit bien qu’il s'inspire du dernier chapitre de De la démocratie en Amérique, qui montre qu’en démocratie, le pouvoir peut devenir un vrai pouvoir de tutelle dès lors qu’il se débarrasse d’une certaine manière de ses électeurs dès lors qu’ils ont élu leur président. Sur ce point, on voit que Emmanuel Macron veut vraiment être le tuteur de ce pays.