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Robert Valette "croise les doigts" pour une sélection de Ben Arfa

Par Mathilde Régis

Ancien éducateur à l'Olympique Lyonnais, Robert Valette a bien connu Hatem Ben Arfa pendant sa formation, de ses 15 à ses 21 ans. Selon lui, le joueur est au plus haut degrés et mérite d'avoir son nom inscrit sur la liste de l'équipe de France pour l'Euro 2016, révélée demain soir par Didier Deschamps. Il témoigne sur Sud radio Sports du parcours d'Hatem Ben Arfa.

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Ancien éducateur à l'Olympique Lyonnais, Robert Valette a bien connu Hatem Ben Arfa pendant sa formation, de ses 15 à ses 21 ans. Selon lui, le joueur est au plus haut degrés et mérite d'avoir son nom inscrit sur la liste de l'équipe de France pour l'Euro 2016, révélée demain soir par Didier Deschamps. Il témoigne sur Sud radio Sports du parcours d'Hatem Ben Arfa.Sud Radio Sports : Selon vous Hatem Ben Arfa doit-il être sélectionné en équipe de France ?Robert Valette : Sur ce qu'il a montré sur l'ensemble de la saison, bien évidemment. Il a tenu Nice, il les a fait jouer, c'est quand même exceptionnel. Vous comprenez que son nom aujourd'hui pose le débat ? Oui, car dans un groupe comme l'équipe de France tel que l’a bâti Deschamps, ça fait plusieurs années que les joueurs jouent ensemble. Amener un autre joueur comme ça rapidement, alors qu'on n’en a pas entendu parler pendant deux ou trois ans, ça pose problème au niveau du monde. Pour vous quelles sont ses qualités ? Il est imprévisible, il est capable de tout sur un terrain. Il est capable de faire évoluer le score, de gagner un match, il nous l'a montré tout jeune aussi. Là, il est arrivé à faire gagner des matchs pratiquement à lui tout seul. Chez nous il avait beaucoup de talent, il a laissé quand même des regrets en tant que footballeur. Le problème c'est qu'on lui a appris à jouer au football, mais on ne lui avait pas appris à jouer la vie, donc il a mis du temps à apprendre.

"Avec son parcours chaotique, je pense qu'il a appris"

Il y a quelques années dans une interview, vous avez affirmé que plein de choses avaient pollué son parcours, notamment à l'OL. Est-ce qu'il y a eu beaucoup d'attentes, peut-être trop, concernant Hatem Ben Arfa ? Comme il est capable de tout, on attendait évidemment beaucoup de lui. Le problème, c'est qu'il s'est montré un peu impatient. À l'époque, quand il était jeune, il avait un environnement qui, même son agent à tout fait pour le remettre d'aplomb, n'était pas favorable. Son environnement n'allait pas dans le bon sens. C'est un joueur qu'on a maintes fois enterré et maintes fois ressuscité. Vous qui l'avez connu très jeune, vous n'avez jamais cessé de croire en lui ? Quand vous avez un joueur qui a du talent comme il avait... Il n'y a que lui qui pouvait se faire du mal et il s'en est fait. Vous pensez qu'il a atteint tout son talent ou qu'il a encore une marge de progression ? Je pense que là il est quand même au plus haut degré de ce qu'il peut atteindre. Mais c'est sur que s'il change de club, d'équipiers, etc. il va encore progresser. Réussir cette saison incroyable avec Nice avec 17 buts et revenir comme ça aux portes de l'équipe de France et peut-être jouer dans un grand club comme le FC Barcelone l'an prochain, c'était inespéré selon vous au vu de son parcours un peu sinueux ? C'est un peu inespéré. Mais Hatem a toujours voulu progresser, et cela sur tous les plans. Il avait compris à un moment donné qu'il partait avec du retard dans la vie. Avec ses expériences, ses blessures, son parcours chaotique, je pense qu'il a appris. Dans sa tête, je pense qu'il est beaucoup mieux que ce qu'il était. Il a aussi dû faire le tri au niveau de ses fréquentations, peut être même dans sa famille, car ce n'était pas tout à fait bien quand même.

"Il faut arrêter de garder l'étiquette qu'on lui a collé dans le dos"

Didier Deschamps l'avait appelé la première fois sous son mandat lors des matchs de novembre, il ne l'a pas repris en mars, car il sortait de blessure. Hatem Ben Arfa s'est même dit prêt à être sélectionné pour être remplaçant et ne pas jouer. On a le sentiment qu'il a muri. Absolument, il avait envie d'évoluer. Il ne se complaisait pas dans l'image qu'il donnait de lui-même. Je pense que c'est tout à son honneur, il a essayé de modifier son personnage et je pense qu'il y est arrivé. Maintenant j'espère, je croise les doigts, que Deschamps va le prendre. Après la non-sélection de Benzema, des joueurs de talent, on n’en a quand même pas beaucoup.C'est aussi peut-être son tempérament qui peut jouer en sa défaveur ?Il faut arrêter de garder l'étiquette qu'on lui a collé dans le dos. Je pense qu'il a beaucoup évolué, et il en avait envie. Aujourd'hui c'est un joueur capable de faire basculer un match, c'est peut être même dommage de le mettre réserviste. Faudrait-il carrément qu'il soit dans les 23 titulaires ? En France, vous n'avez pas beaucoup de joueurs capables d'évoluer à ce niveau-là et de faire ce qu'il fait sur un terrain. Maintenant, il est devenu beaucoup plus collectif, je pense qu'il est arrivé à maturité, j'espère qu'il va encore progresser. Vous avez assisté à l'éclosion de nombreux talents au sein du centre de formation de Lyon, parmi lesquelles Karim Benzema, Loïc Rémy et j'en passe. Ben Arfa est un de ceux qui vous a le plus marqué ? Bien sûr, il fait partie du Top 3 de ceux qu'on a eus comme jeune à l'OL. Karim Benzema est venu plus tard. Mais vous avez des joueurs comme Florent Maurice, qui était aussi un joueur talentueux.

"Il avait du chemin à faire, je pense qu'il y est arrivé"

Pour vous, l'absence de Karim Benzema sera préjudiciable pour l'équipe de France ? Oui, vous avez un joueur qui est un des meilleurs joueurs français. On n'évolue pas sept ans au Réal Madrid sans être un joueur de tout premier plan. Je ne pense pas que Didier Deschamps se passe de lui pour des raisons sportives et sans se poser de questions, car il n'y peut rien là-dessus. On peut voir une similitude entre 2012 et 2016 pour Hatem Ben Arfa. À l'époque en 2012, il revenait en grâce avec Newcastle et des prestations très abouties, c’était même le chouchou du public en Angleterre. Aujourd'hui c'est un peu le même cas de figure à Nice. Il faut croire que les championnats d'Europe le stimulent ? Peut-être oui, mais il a raté toutes ces échéances. À la Coupe du Monde en Afrique du Sud, il n'y était pas. Et la seule fois où il est allé dans une phase finale, on ne peut pas dire que c'était une réussite. Mais je répète que je reste persuadé que c'est un garçon qui voulait modifier son image, qui voulait s'instruire. Un jour où l'on évoquait le fait que des joueurs pouvaient faire rêver les jeunes, il m'a parlé du Petit Prince de Saint-Exupéry . Je suis resté quand même cloué sur ma chaise. Il voulait apprendre, se sortir de son personnage. Il y avait du chemin à faire, et je pense qu'il y est arrivé.

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