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C.Califano : "on ne facilite pas la tâche à François Trinh-Duc"

Par Mathilde Régis

Pour revenir sur la défaite du XV de France contre l’Écosse au tournoi des 6 nations et évoquer le prochain match contre l'Angleterre, l'ancien joueur international Christian Califano était l'invité de Sud Radio Sports.

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Sud Radio Sports : On est contrarié par cette défaite du XV de France 29-18 face à l'Écosse ? Tout ça pour ça. Depuis le début du tournoi, on n’a pas l'impression que l'équipe de France progresse... Christian Califano : Je ne suis pas trop d'accord avec vous, c'est sur qu'on est un peu déçu pour cette équipe de France. Si on refait l'historique, on n’est pas dans l'entame du match même si après par chance on marque cet essai. Et puis malheureusement, on sort un peu du match parce qu'on manque une transformation et une pénalité alors qu'on aurait pu prendre l'avantage au score. Ce qui a été difficile surtout, c'est qu'on se fait pénaliser sur le jeu au sol, on perd des ballons, notamment dans la défense. Il y a aussi ce problème de mêlée, on n’a pas été performant en conquête. Je vais être honnête, je pensais qu'il y avait une possibilité de battre cette équipe écossaise même si c'est une très belle équipe. Je sentais cette équipe de France battre l'Écosse. Malheureusement, on est tombé sur une équipe qui a joué comme il fallait et qui a été plus qu'entreprenante. On va dire qu'on a eu un non-match de notre part, mais c'est de bon augure aussi, car la semaine prochaine, ça ne va pas être facile. Vous êtes très bien placé pour nous parler de ce problème de mêlée, qu'est ce que vous ressortez de ce match, avec une mêlée française qui a vraiment souffert ? C'est sure qu'elle a souffert. Mais ça arrive, vous savez des fois dans un match, on joue les mêlées pendant 90 minutes. On peut être l'équipe qui domine le plus pendant 70 minutes et passer à travers les dix dernières. Là, ce qui est intéressant, c'est surtout sur la seconde période, quand ils ont changé quasiment toute la première ligne avec l'entrée d'Atonio et de Pelo. Le pauvre Vincent Pelo s'est blessé sur la première mêlée. Là on s'est mis en difficulté. Par la suite, on a été surpris d'être malmené dans ce secteur-là. Après, il ne faut pas se le cacher, on a toujours sous-estimé les Écossais, notamment sur la mêlée. Je trouve que depuis l'arrivée de Vern Cotter, et on l'a vu pendant la Coupe du Monde, c'est une équipe qui s'est énormément densifiée. C'est une équipe qui a anticipé sur les commandements, on sentait qu'ils étaient un peu en avance là dessus. Ça n'enlève pas le fait qu'on soit passé au travers, et ça arrive. La mêlée c'est très complexe, il faut être réaliste. Je connais très bien les compétences de Yannick Bru pour avoir joué avec lui. Mais on ne forme pas une première ligne comme ça en l'espace de trois ou quatre semaines.C'est de la cohésion, quelque chose qui se passe au fil du temps. Il faut apprendre et il faut de l'expérience. Ce n'est pas enlever la qualité des joueurs, mais peut être qu'on manque un peu de maturité par rapport à des matchs comme celui-ci. La semaine prochaine, ce ne sera pas le même combat face à l'Angleterre, et je pense que dans ce secteur là, on peut être beaucoup plus performant que ce qu'on a vu ce week-end.

"On a l'impression qu'il commence le match avec deux sacs de ciments sur les épaules"

François Trinh-Duc était très attendu, mais il a beaucoup déçu, car il a eu des difficultés, il revient d'une longue blessure, cette charnière fait couler beaucoup d'encre ?C'est difficile de parler de François, on ne lui facilite pas la tâche. On a l'impression que dès qu'il commence un match, il a deux sacs de ciments sur les épaules. Cette question de savoir s’il va être performant, s’il est bon, si on peut compter sur lui... Dans ce match, il avait tout à gagner, mais pour le dire franchement, François avait peut-être trop de pression avant et un manque de rythme et de compétition . Il suffit qu'il manque une transformation et une pénalité et puis le doute s'installe. Surtout que la configuration du match n’a pas facilité la tâche de François Trinh-Duc dans ses choix : on l'a vu énormément sollicité, je l'ai vu beaucoup agir en défense. Chez les Blacks, Dan Carter ne plaque pratiquement pas du match, c'est les troisièmes lignes qui le font. Dans la forme dans laquelle on a attaqué, il ne faut pas se cacher qu'on a essayé de mettre du rythme. On a perdu des ballons parce qu'on a essayé aussi d'être performant dans le jeu offensif, mais on a eu du mal. Je suis déçu pour François, car c'est un super gars, il mérite mieux que ça. On est tellement à la recherche de la perle rare qu'on attend presque le match parfait du demi d'ouverture. Je crois aussi qu'en demi de mêlée, Maxime Machenaud a fait quand même un sacré match, et ça a été plus que positif pour la charnière. Vous êtes inquiet de voir arriver le XV de la rose samedi au stade de France ? Bien sûr, car ce sont les leaders de ce tournoi. On a vu leurs très bons matchs contre le pays de Galle, même si sur la fin ils ont relâché et qu'ils ont pris deux essais dans les dix dernières minutes. Mais ce qui est intéressant, c'est surtout de se jauger par rapport à ces équipes-là. Sur le début du tournoi, on était en phase d'interrogation sur le fait qu'on soit capable de rivaliser. On n’a pas eu un match facile contre l'Italie, on a gagné contre l'Irlande alors que ça faisait très longtemps qu'on n’avait pas gagné contre cette équipe. Contre le Pays de Galle, on a eu un super comportement, là on est passé à côté, mais ça arrive. On ne peut pas non plus gagner tous les matchs, il fallait que ça déraille un peu. Peut-être qu'on avait tous les ingrédients, et je pense que Guy Novès et tout son staff vont vraiment travailler avec la même rigueur qu'ils mettent depuis le début du tournoi. C'est talonner à la plus grosse équipe d'Europe, les Anglais arrivent avec beaucoup de confiance et de sérénité. C'est une équipe armée de partout, c'est puissant devant et derrière on n’en parle même pas. Donc, pourquoi ne pas s'étalonner ? Si on gagne contre l'Angleterre, on n'oubliera pas tout le reste pour autant. Ça va nous permettre de travailler plus sereinement, de peaufiner un groupe. Pour avoir pratiqué Guy Novès pendant dix ans, au fond de lui il a déjà peut-être une ossature au niveau de l'équipe de France. Ce match est aussi l'occasion de se mettre dans de bonnes conditions pour la tournée d'automne. On y croit, avec beaucoup d'abnégation, ça va payer.

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